Radicalisation, dé radicalisation, deuil d’un enfant parti faire le djihad : 3 parcours de jeunes françaises convertis à l’islamisme radical… ou peut-être seulement 2… Belle astuce qui permet de maintenir une belle tension et une belle surprise dans le final, les parents de Mel’ restant toujours hors champ ; on a longtemps l’impression d’assister à 3 histoires distinctes. Au-delà, d’un montage astucieux entre passé et présent que l’on comprend tardivement ; l’histoire de Mel’ montre au combien les ados sont captifs par les gens malveillants et au combien c’est l’âge de tous les dangers. Les parents ne contrôlent plus rien. Et c’est là l’atout majeur de ce nouveau film de Marie-Castille Mention-Schaar ; la place importante laissée à la fiction sur un sujet éminemment bouillant. Sur son précédent « Les héritiers », ça sonnait documentaire ; là, au moins, il y a le souci de faire un peu cinéma. Même si ça reste très pédagogique et parfois trop didactique : les insertions de Dounia Bouzar très identifiée comme spécialiste de la dé radicalisation jouant son propre rôle contribue à sortir le spectateur de la fiction ; et puis pourquoi ne choisir que des jeunes convertis sans culture musulmane préalable et familiale pour incarner les deux jeunes filles ? Quand on sait que ce n’est pas ce type de public qui peuple en plus grand nombre les rangs de Dahech, c’est choquant. Après, les processus de radicalisation sont aussi bien démontés : séduction, emprise, regard critique sur la société, puis pathologie sectaire. Moins connoté film destiné à être diffusé dans les lycées plutôt que dans les cinémas que « Les héritiers » ; ce film restera comme un témoignage d’une époque. Les deux jeunes actrices portent aussi magnifiquement ce film vers un suspense réaliste.Educatif : à exploiter comme tel.
Sorti en 2016
Ma note: 13/20