Daniel J Goor et Michael Shur sont en passe de devenir les créateurs de référence question " comédie de bureau "(workplace comedy pour les anglophiles). Petit récapitulatif : les deux scénaristes commencent leurs carrières dans le direct, Shur avec Saturday Night Live (l'usine de talents qui a révélé Bill Murray, Eddie Murphy, Mike Myers, Tina Fey et Kate McKinnon entre autres) et Goor avec The Daily Show et Late Night With Conan O'Brien. Shur est engagé comme scénariste pour travailler sur l'adaptation US de The Office, ce qui lui donne l'idée de créer sa propre série, centrée sur la bureaucratie de l'Amérique profonde. Ce sera Parks and Recreation, phénoménale série qui servira de boîte de Petrie à moult talents et futures aventures. C'est là en effet qu' Aziz Ansari et Alan Yang ( Master of None) font connaissance, qu' Aubrey Plaza et Chris Pratt se font connaître et que les esprits de Dan Good et Michael Shur se rencontrent. Les deux scénaristes s'entendent comme larrons en foire et voyant approcher la fin de Parks, ils se lancent en 2013 dans une toute nouvelle série intitulée Brooklyn Nine-Nine.
Pour ceux qui l'ignoreraient, Brooklyn Nine-Nine, c'est la vie quotidienne d'une brigade policière de Brooklyn, qu'un nouveau capitaine du nom de Ray Holt ( Andre Braugher) se voit charger de réhabiliter. Le 99 a beau être un modèle d'efficacité quand il faut arrêter les méchants, c'est un vrai désastre question présentation, organisation et administration. Jake Peralta ( Andy Samberg), meilleur inspecteur de la brigade est un adolescent attardé, son meilleur ami Charles Boyle ( Joe Lo Truglio) manque de self-estime, Rosa Diaz ( Stephanie Beatriz) tape sur tout ce qui bouge, Amy Santiago ( Melissa Fumero) est obsessive-compulsive et Gina Linetti ( Chelsea Peretti, autre transfert de Parks and Recreation) est nettement plus intéressée par la vie amoureuse de Rihanna que par ce qui se passe sous son nez. Pour compléter le tableau, nous avons également Hitchcock ( Dirk Blocker) et Scully ( Joel McKinnon Miller), qui malgré leurs noms, sont des montagnes d'incompétence que même le pauvre sergent Terry Jeffords ( Terry Crewes) ne parvient pas à motiver. On a donc à faire à un groupe de marginaux au cœur d'or qui vont, au fil des saisons, apprendre à s'apprécier et à coopérer, jusqu'à former une petite famille unie en uniforme.
En ce début de quatrième saison, si la dynamique entre nos personnages est bien établie et fonctionne comme un charme, la question est maintenant de faire avancer l'intrigue tout en gardant suffisamment de places pour les pitreries des uns et des autres. Fort heureusement, puisque nos héros sont dans la police, il y a aura toujours la trame du criminel à attraper, ce qui en ce début de saison se traduit par une petite mission en Floride pour Peralta et Holt. Les deux premiers épisodes se concentrent donc sur les aléas de la vie sous couverture pour le capitaine et son hurluberlu de compagnon, lancés sur les traces d'un mafieux et obligés d'assumer des identités qui leur déplaisent. Problème avec cette idée qui avait à priori tout pour séduire, c'est que Brooklyn Nine-Nine fonctionne mieux quand elle se repose sur l'ensemble de sa distribution que sur ses deux stars. Andre Braugher est phénoménal dans son rôle de capitaine rigide et coincé et Andy Samberg a beau avoir reçu un Golden Globe pour son interprétation de Peralta, l'alchimie entre les deux hommes ne suffit pas à tenir la série. Il manque comme un grain de folie, un facteur d'équilibre qui pointe généralement le bout de son nez lors de l'entrée en scène du reste de la brigade et des péripéties qui en résultent. Un début de saison assez tiède donc, pour une série qui nous avait habitués à mieux.
Crédits: Fox