Un grand merci à Blaq Out ainsi qu’à Cinetrafic pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Love & friendship » de Whit Stillman.
« Quand on est jalouse, on ne prend pas un mari si charmant ! »
Angleterre, fin du XVIIIe siècle : Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente. Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d'ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide…
« Vous avez commis une belle erreur en épousant votre mari : trop vieux pour être dirigé, trop jeune pour mourir »
Tous les chemins mènent au cinéma. Y compris les plus sinueux. Fils d’un célèbre politicien américain, Whit Stillman mène ainsi de brillantes études à Harvard avant de débuter une carrière de journaliste dans les années 70. Avant que le destin ne s’en mêle et qu’il ne parte changer de vie en Espagne. Toujours passionné par l’écriture, il écrit le scénario de « Metropolitan » au milieu des années 80. Mais ne parvenant pas à obtenir les financements nécessaires, il doit attendre 1990 et la vente de son appartement pour enfin parvenir à monter son film. A la clé, il obtiendra une nomination à l’Oscar du meilleur scénario. Au cours des années suivantes, il réalise « Barcelona » (1994) et « Les derniers jours du disco » (1998), avant de disparaitre ensuite des écrans pendant une dizaine d’années, se consacrant notamment à l’écriture. Après « Damsels in distress » (2011), il revient en 2016 avec « Love & Friendship », adaptation de « Lady Suzan », roman épistolaire écrite par Jane Austen lorsqu’elle n’avait que quatorze ans et qui ne sera publié que près de quatre-vingt ans plus tard, à l’initiative de son neveu. Le réalisateur retrouve à cette occasion les comédiennes Kate Beckinsale et Chloe Sevigny qui partageaient l’affiche de son film « Les derniers jours du disco » il y a près de vingt ans.
« Je savais que le mot « respectable » nous séparerait un jour »
On connaissait l’admiration de Whit Stillman pour Jane Austen. On se souvient que les héros de « Metropolitan » dissertaient déjà sur l’œuvre de la célèbre romancière anglaise. Quoi de plus normal, donc, que de voir le réalisateur adapter à l’écran l’un de ses romans ? L’occasion pour lui de signer son premier film d’époque en costumes. « Love & friendship ». Littéralement l’amour et l’amitié. Deux nobles sentiments, qui participent - bien souvent - à définir nos relations sociales. Sauf que dans le cas bien précis de ce récit, l’amour se fait plutôt rare. Tel une sorte de luxe inabordable. Un privilège inaccessible pour le commun des mortels. Une fois n’est pas coutume, Jane Austen se fait ici la chroniqueuse mordante et privilégiée de son époque, à savoir l’Angleterre de la fin du 18ème siècle. L’observatrice lucide des mœurs de la bourgeoisie de province et de la petite aristocratie rurale, qui brocarde une nouvelle fois la place réservée aux femmes dans la société de l’époque. Car en dépit de toute volonté d’émancipation, ces dernières finissent alors toujours par dépendre du bon vouloir et surtout des finances d’un mari. Toutefois, la romancière y met les formes et signe là une satire sociale légère, pétillante et acide. Le portrait d’une peste magnifique et amorale, redoutable séductrice autant que manipulatrice, prête à marier sa fille à un riche crétin pour assurer son confort matériel tout en s’amourachant d’un homme déjà marié. Une sorte de Madame de Merteuil, la cruauté en moins. L’exact opposée de l’entremetteuse Emma. De quoi donner lieu à une succession de situations particulièrement truculentes, ponctuées de dialogues particulièrement savoureux. Si la mise en scène de Stillman s’avère un peu trop théâtrale et rigide, la reconstitution (décors, costumes) se révèle quant à elle très convaincante. Surtout, on en retiendra la formidable prestation de la jolie Kate Beckinsale, formidable dans ce rôle de garce qu’on adore détester.
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Le DVD : le film est présenté en version originale anglaise (5.1 et 2.0) avec des sous-titres français. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles. Côté bonus, le film est accompagné par un Making of, un entretien avec le réalisateur Whit Stillman (12 min.), un entretien avec Sophie Demir, docteur en littérature britannique (10 min.) et une bande-annonce.
Edité par Blaq Out, « Love & Friendship » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 2 novembre 2016.
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