Votre scenario etape par etape (41) : theme

Par William Potillion @scenarmag

Continuons l’étude du thème au cours de ces étapes de
VOTRE SCENARIO ETAPE PAR ETAPE

Basé sur Dramatica, VOTRE SCENARIO ETAPE PAR ETAPE peut véritablement vous aider à prendre conscience de réalités sur votre projet d’écriture et de les appliquer concrètement dans votre désir ou votre besoin d’écrire.

Etape 129 : Extrapolez le message – Acte Trois

Un vieil adage de la scène rappelle : Fait les toujours rire.
Concernant le thème d’une fiction, ce truisme pourrait être ainsi paraphrasé : Fait les toujours ressentir.
Le thème est un argument émotionnel et la meilleur façon de faire un tel argument est d’impliquer le lecteur à un niveau personnel.

Puisque le message est la qualité humaine dont parle votre histoire, il existe déjà un niveau d’attachement affectif au lecteur (inhérent à cette qualité humaine).

Note de traduction :
L’expression utilisé par Melanie Anne Phillips est Message Issue, c’est-à-dire qu’elle évoque directement la problématique de ce que vous avez à dire. Nous avons ainsi préféré traduire par message par contraste avec le contre-argument, ces deux notions constituant la problématique.

Mais les gens n’aiment pas se regarder de manière critique. L’astuce, donc, est de trouver un moyen d’impliquer leurs émotions sans les pointer du doigt.

Vous pouvez aller à la rencontre de votre lecteur par un lien émotionnel avec votre message en concevant des illustrations (scènes, séquences, événements, actions…) qui montrent l’impact du message sur les personnages dont il est arrivé à se préoccuper (qui ont quelque importance pour le lecteur).

Précédemment, les exemples (ou illustrations) que vous avez incorporés dans votre histoire auraient pu être plus philosophiques ou conceptuels. Ou ils pourraient appartenir à des personnages fonctionnels envers lesquels le lecteur aurait pu développer quelque empathie.

Pour ce concept de personnages fonctionnels, nous vous renvoyons à 
DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (6)

Mais en sélectionnant ou en créant des exemples qui affectent un personnage envers lequel le lecteur ressent des choses, vous pouvez indirectement enflammer des passions sans faire fuir le lecteur.

En vous référant au matériel que vous avez déjà développé, sélectionnez ces illustrations qui décrivent le mieux comment votre message démontrera son importance dans la vie d’un lecteur. Si nécessaire, créez de nouveaux exemples pour l’en convaincre.

Etape 130 : Extrapolez le contre-argument (Acte Trois)

L’argument émotionnel de votre thème réside entre votre message et son contre-argument. Mais une question a son importance : Comment le lecteur sait-il quel est le message et quel est le contre-argument ?

Simplement, le message est la qualité humaine qui est directement explorée dans votre histoire. Le contrepoint donne un contraste au message. Dans un sens plus pratique, le message doit apparaître au premier plan et le contre-argument recouvre l’arrière-plan.
Cela s’accomplit seulement à travers votre façon de raconter votre histoire.

Le message est identifié en étant montré par des illustrations précises, définitives. Le contrepoint devient le contraste d’arrière-plan en employant des illustrations qui sont plus générales ou nébuleuses.

Par exemple, dans Un chant de Noël, le manque de générosité de Scrooge est montré dans des moments d’actions, de dialogues et de décisions spécifiques. Mais le contrepoint de générosité est illustré nébuleusement à travers la bonne humeur prédominante et les activités de groupe des autres personnages et de la populace de Londres en général – L’Esprit de Noël, en somme.

Dans l’Acte Trois, si vous ne l’avez pas déjà fait, vous avez besoin d’établir clairement lequel des deux aspects de votre argument thématique est le message et lequel est le contrepoint, en utilisant la méthode décrite ci-dessus.

Pour cette étape, choisissez les illustrations de votre contrepoint que vous avez déjà développées mais pas encore utilisées dans les actes Un et Deux qui démontreront son importance directe pour la vie du lecteur.
Si vous n’avez pas assez d’exemples, développez-en quelques uns de plus.

Etape 131 : Extrapolez le dilemme du personnage principal – Acte Trois

Comme il a été précédemment décrit, un personnage n’a pas besoin de changer afin de grandir.

Je tiens à remercier Joachim et Patrice (Ciné7) pour leurs contributions éclairantes sur ce point que j’avais quelque peu obscurci.

Parfois, un personnage peut évoluer (ou grandir) dans sa détermination comme le Docteur Kimble du film Le Fugitif qui continue d’aider les autres même à son propre péril, au lieu de devenir égoïste et indifférent afin de s’échapper.
D’ailleurs, c’est cette qualité du personnage qui convainc l’inflexible marshal à ses trousses que Kimble pourrait être en fait innocent.

Que votre personnage principal change en fin de compte ou reste ferme dans sa nature, son point de vue sur le monde ou dans son attitude envers un sujet particulier, il ou elle fera face à un moment de vérité où il ou elle devra choisir entre s’en tenir aux anciennes valeurs ou adopter de nouvelles valeurs (ou croyances…).
Les anciennes valeurs sont le message. Les nouvelles valeurs sont le contre-argument.

Dans les actes Un et Deux, votre personnage principal est en prise avec un dilemme personnel dont l’argument émotionnel du thème est la source.
Dans l’acte Trois, ce dilemme doit fonctionner comme un étau pour augmenter la tension morale jusqu’au point où le personnage principal n’a plus d’option que de choisir un côté ou l’autre.

Gardez à l’esprit que ce n’est pas parce que le message (votre message en fait) est au centre de l’attention qu’il doit être le bon choix moral à choisir et non pas son contre-argument.
Contrairement à Kimble, Scrooge doit en fait adopter le contre-argument (la générosité) et non pas le message s’il doit faire le bon choix moral.

Pour la construction de la pression du dilemme sur le personnage principal, il est souvent utile d’utiliser les événements de l’intrigue qui mène le personnage principal en des situations où il a de moins en moins d’options pour éviter de faire un choix. Finalement, par manque de temps ou parce qu’il est à court d’options, il n’a plus d’alternative et doit choisir un côté moral ou tout perdre.

Lorsque vous sélectionnez les exemples pour l’acte Trois, ou lorsque vous en créez de nouveaux, considérez la progression de l’intrigue et tournez les événements afin de mettre votre personnage principal dans une sorte d’étau moral.

NOTE :
Certaines histoires ne forcent pas le personnage principal à faire un choix moral actif. Plutôt, le personnage principal émerge de ses expériences dans l’histoire ayant ou non changé mais de manière passive.

Par exemple, dans Les Dents de la Mer, le Chef Brody n’a pas le courage de faire face à sa peur de l’eau. Il ne va même pas nager et lorsqu’il y a des problèmes sur la plage, il s’arrête au bord de l’eau. Thématiquement, il évite ses peurs plutôt qu’il ne les confronte.

A travers les événements de l’histoire lorsqu’il est face à sa peur, il est forcé par les circonstances de s’enfoncer dans des situations de plus en plus dangereuses. Finalement, il doit tuer le requin alors qu’il est suspendu au gréement d’un bateau qui coule.

A la fin de l’histoire, lorsqu’il retourne en nageant vers le rivage,
il dit :  Vous savez, j’ai toujours eu peur de l’eau.

Dans cette histoire, il a changé par les expériences de l’histoire et pourtant n’a jamais fait un choix conscient pour qu’il en soit ainsi.

A partir du matériel que vous avez déjà développé, sélectionnez les illustrations du dilemme de votre personnage principal à inclure dans l’acte Trois qui vont porter le problème à son maximal et forcer le personnage principal à faire un choix lors d’un moment de vérité ou bien qui indiqueront que le personnage a ou n’a pas changé sans faire de choix direct.

Etape 132 : La démonstration de l’auteur

Au travers de trois actes et d’un climax, vous avez fait valoir votre thème. Maintenant que le brouillard s’est levé, vous devez tirer vos conclusions. il est temps de confirmer à votre lecteur qu’il a en fait compris où vous vouliez en venir.

Précédemment, vous ne vouliez pas illustrer à la fois le message et son contre-argument dans le même scène ou dans le même moment dramatique du fait du risque que votre argument thématique apparaisse maladroit ou à sens unique.
Mais maintenant, votre lecteur a tiré sa propre conclusion en faisant la moyenne de tout le matériel des deux côtés de cet argument thématique, juste avant le climax.

Maintenant que tout a été dit et fait, vous avez besoin de réaffirmer cette conclusion en offrant une comparaison directe entre les conséquences d’avoir employé le message et celles d’avoir employé le contre-argument.

Certains de vos personnages ont utilisé le message comme approche morale tout au long de l’histoire. D’autres ont utilisé le contrepoint. Le personnage principal  soit adhère au message ou change pour adopter le contrepoint.

Quels sont ceux qui se sont le mieux réalisés ? (Ceux du message ou ceux du contrepoint) ?

Gardez à l’esprit que ce n’est plus le moment de démontrer votre argument moral ou même de le continuer. C’est plutôt le moment de montrer les résultats tangibles auxquels ont abouti chaque camp. Si vous avez correctement démontré votre argument, votre lecteur sera d’accord avec vos conclusions, ce qui renforcera votre intention chez chacun de vos lecteurs lorsqu’il refermera votre roman (ou votre scénario) et retournera à sa propre vie.

Pour cette étape, reprenez le matériel que vous avez précédemment développé et élaborez une ou plusieurs situations qui illustreront les valeurs relatives de votre message et de son contrepoint par une comparaison directe de la façon dont chaque camp finalement s’en sort.