Les dialectes dans Stargate SG1 – échecs et facilités

Par Screenbusters

Le film Stargate sorti en 1994 réussit en son temps le tour de force de proposer un divertissement de qualité et une sympathique incursion en terres pseudo-égyptiennes. Du sable, une pyramide, des dieux et légendes – le scénario se plaisait à faire évoluer les personnages dans cet univers mythique et mythologique, allant jusqu’à développer un idiome dérivé de la langue des pharaons. Un tour de force rare et une orientation originale pour un film hollywoodien qui, entre deux bastos et trois châtaignes, se révèle justement être un formidable récit sur le dialogue et les échanges entre populations. Ce n’est pas pour rien que les deux meilleurs ennemis du métrage – le Colonel Jack O’Neil et le docteur Daniel Jackson – symbolisent à eux seuls le conflit permanent entre action et causerie, violence et gestion pacifique des évènements. Les équipes du film firent le choix audacieux de travailler la question du langage pour en faire un élément central du scénario.

La série dérivée – prolongement naturel et judicieux de l’œuvre d’Emmerich, s’efforcera pourtant dès le premier épisode de briser cette cohérence. En effet, Apophis et Teal’c (futur allié des terriens) parlent Goa’uld/Jaffa pour leurs premières apparitions mais s’exprimeront ensuite dans un anglais impeccable dès la prise du temple d’Abydos (la planète visitée dans le film original), tout en reconnaissant pourtant ne pas connaitre les terriens ! Une invraisemblance incroyable qui reste pour moi LE point noir de la série. La plupart des mondes visités par SG1 et les équipes d’Atlantis (pourtant en opération dans la lointaine galaxie de Pégase) seront parfaitement à l’aise avec la langue de Shakespeare.
L’anglais généralisé est un poison pour la création et la crédibilité d’univers qui se veulent un tant soit peu cohérents.

Pourtant des solutions existent, et nombreuses sont les séries qui ont su trouver les astuces adéquates – Farscape et ses microbes traducteurs, Star Trek et son traducteur universel, Doctor Who et le « champ télépathique » du TARDIS. Même Legends of Tomorrow, peu à cheval sur ses propres règles de vraisemblance proposent l’idée de chewing-gum traducteurs ! Un concept loufoque qui a néanmoins le mérite d’exister.
Le réseau des portes des étoiles fut construit par les Anciens, un peuple avancé et très ouvert sur les autres cultures. On peut s’imaginer sans mal qu’ils aient eu la présence d’esprit d’implanter dans leur système un programme pour « injecter » aux voyageurs une puce (ou similaire) de traduction universelle, peut-être au bout de plusieurs passages par une porte – le réseau comprenant par lui-même que telle ou telle personne serait un utilisateur régulier. Ce n’est pas compliqué, et ça prenait environ 30 secondes à expliquer dans le pilot.

Les créateurs de la série assument leur choix et affirment que « cela leur faisait gagner dix minutes par épisode en évitant les péripéties liées à l’apprentissage de nouvelles langues ». Une position malhonnête qui ne prend pas en compte les solutions vu ultérieurement et fait bien peu de cas de la cohérence globale de la licence.
J’aime profondément Stargate SG1, c’est LA série de mon enfance, celle des soirées crêpes en famille devant M6, celle qui m’a fait aimer les grands thèmes de la science fiction et m’a poussé à découvrir Farscape, Battlestar Galactica, Babylon 5, ou Star Trek.

Une pièce maitresse dans la fondation de mes goûts culturels qui restera malheureusement à jamais entachée par cette fainéantise malavisée de la part des créateurs du show.