indéniablement, Steven Spielberg est un maître du suspense et bien peu ont réussi à faire aussi bien que lui en matière de suspense.
Spielberg utilise des éléments disparates qu’il assemble soigneusement pour faire monter la tension dramatique. Il ne se contente pas de jeter quelques effets ici et là en pâture à son lecteur.
Penchons-nous sur un moment mémorable de Jurassic Park lorsque le T-Rex se libère de son habitat clôturé pour s’attaquer aux personnages les plus importants de l’histoire.
Nous allons voir comment Spielberg a construit la tension autour de cette séquence. En suivant son exemple, vous devriez être capable d’écrire des scènes où l’exploitation du suspense sera très efficace.
Jurassic Parc de Michael Crichton et David Koepp, d’après le roman Jurassic Park de Michael Crichton.
Des éléments qui s’accordent pour construire la tension
Spielberg commence par tromper notre attente. Les véhicules font le tour du parc d’attraction pour voir un spectacle qui ne se produit pas.
La déception des personnages tout comme celle du lecteur sont à l’unisson. Alors, il est décidé par la direction du parc de stopper les véhicules devant la section réservée au T-Rex.
Trois informations sont connues actuellement du lecteur :
- Une tempête tropicale est sur le point de frapper l’île.
- Le parc a été saboté afin de couvrir le vol des embryons de dinosaures par Dennis Nedry.
- Une chèvre a été placée en appât pour le T-Rex mais ce dernier ne semble pas intéressé.
Ces trois éléments descriptifs du monde sont nécessaires pour servir de fondement à la tension dramatique.
Concernant le concept de monde, nous vous renvoyons à :
. LIEU, EPOQUE & STYLE DE VOTRE MONDE
. LE MONDE DE VOTRE SCENARIO
. UN MONDE IMAGINAIRE
Quel est l’impact de ces informations sur l’intrigue ?
- La tempête immobilise les véhicules devant la section réservée des T-Rex
- Nedry coupe l’électricité et les enclos ne protègent plus rien.
- Quant à la chèvre, ses cris ne manqueront pas d’attirer le prédateur.
Anticipation
Avant de nous montrer le T-Rex dévorant la chèvre, Spielberg prépare cet événement en nous faisant d’abord éprouver la présence de l’animal.
Ce que nous ressentons passe d’abord par nos sensations. C’est ainsi que nous entendons les pas lourds et lents du T-Rex et observons les ondulations de l’eau dans les verres.
Le principe consiste à amener le lecteur progressivement à un choc visuel. C’est le procédé du Jump Scare des films d’horreur. Le spectateur ne pourra effectivement avoir peur s’il n’y est pas préparé.
Cet avant goût de la présence du T-Rex crée de l’anticipation chez le lecteur. Puis les enfants remarquent chacun à sa manière la disparition de la chèvre. C’est à ce moment précis qu’une patte de celle-ci atterrit sur le pare-brise du véhicule.
La présence du T-Rex est renforcée
Spielberg retarde encore l’apparition de l’animal. C’est-à-dire l’attaque effective du T-Rex. Il construit la tension dans le même temps que la menace.
- Une patte du T-Rex constate que la clôture n’est plus électrifiée.
- Une scène montrant la tête du T-Rex avalant la chèvre puis ce regard terrible vers le véhicule des enfants.
- L’avocat qui abandonne les enfants et qui s’enfuit alors que le T-Rex déchire la clôture.
En deux pages de script, Spielberg a construit sur la tension. Le T-Rex est en lui-même spectaculaire et terrifiant mais ces deux pages de préparation ont poussé la terreur à son point maximal.