Ascenseur pour l'Echafaud

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine
Un homme assassine son patron avec l'aide de sa femme dont il est l'amant. Voulant supprimer un indice compromettant, il se retrouve bloqué dans l'ascenseur qui l'emporte sur les lieux du crime.
Ascenseur pour l’échafaud – 29 Janvier 1958 – Réalisé par Louis Malle
Si l'on met de la volonté chaque dimanche pour découvrir un nouveau film du patrimoine français, il faut quand même un peu plus que ça pour que l'on se tienne devant. Ici cela coulait de source, un pitch savoureux et prometteur, puis un titre qui sonnait bon le thriller. Les voyants étaient donc au vert pour découvrir avec envie « Ascenseur pour l'échafaud », le premier long métrage du tout jeune à l'époque Louis Malle.
Florence Carala est la femme d'un grand patron français et elle a tout pour mener une vie heureuse à l'abri du besoin. Hélas pour son époux, elle est éprise d'un certain Julien Tavernier, un collaborateur de son mari. Un amour réciproque à la force incommensurable, si intense qu'ils décident d'éliminer le mari gênant. Julien est un ancien militaire et imagine tout un stratagème bien ingénieux pour tuer son patron, faire passer cela pour un suicide et enfin s'enfuir. Le jour J tout ce passe comme il le souhaitait, sauf qu'au moment de partir, il a oublié la corde qui lui a permit de passer d'un étage à l'autre. Inquiet il remonte en prenant l'ascenseur quand celui ci se bloque, compromettant ainsi tout ce qu'il avait fait. Florence le croit partir avec la fleuriste en voiture, alors que ce n'est que Louis et la dite fleuriste Véronique qui emprunte pour un temps donnée la voiture de Julien Tavernier. Une virée qui tournera vite au drame et qui aura des répercussions imprévues.
Une fois le film fini je ne peux cacher ma déception. Pas tant que le film soit mauvais, ce qu'il n'est pas, mais il est bien loin de ce que j'avais pu imaginer. Une faute qui m'en incombe, car ce n'est pas la faute au film si il n'est pas à l'image de ce que je croyais, mais bien la faute à ma tète qui s'était déjà fait tout le film à partir du pitch et qui avait imaginer un thriller à suspense, digne d'Alfred Hitchcock. Mais c'est hélas tout le contraire qu'a réalisé Louis Malle; on est sur un film assez lent, voir mélancolique, ou les nombreuses chansons de Miles Davis raisonne dans les cœurs des personnages. Un élément incontournable qui souligne cet amour fou qui les lie, les unis et les qui les amènent irrémédiablement à leur perte. Un romantisme particulier, constamment à fleur de peau qui vient au fur et a mesure que l'intrigue se délie.
Une ambiance extrêmement travaillée qui permet au film de proposer autre chose et de sortir d'un certain modèle pré-définie que le cinéma dicterait au réalisateur. Louis Malle qui signe ici son premier long-métrage, adapte l’œuvre de Noël Calef et réalise un film précis, bien rythmé, du moins c'est en adéquation avec histoire et surtout c'est d'une esthétique irréprochable. Et même si je n'ai pas était complètement séduit, ce que le film nous transmet, ce mélange de film noir et de thriller est d'une efficacité à toute épreuve, ou la composition des plans n'a d'égal que la précision de la bande originale de Miles Davis. Un écrin en noir et blanc magnifique ou des acteurs au talent indéniable se donne la réplique, on voit ainsi Jeanne Moreau en amoureuse éprise, Maurice Ronet en amant diabolique, Georges Poujouly en blouson noir impétueux, Yori Berlin l'ingénue et enfin un certain Lino Ventura dans le rôle de l'imposant commissaire Cherrier.
 Film noir d'une grande élégance et d'un romantisme à fleur de peau.