Manuela, infirmière, vit seule avec son fils Esteban, passionné de littérature. Pour l'anniversaire de Manuela, Esteban l'invite au théâtre ou ils vont voir "Un tramway nommé désir". A la sortie, Manuela raconte a son fils qu'elle a interprété cette pièce face a son père dans le rôle de Kowalsky. C'est la première fois qu'Esteban, bouleversé, entend parler de son père. C'est alors qu'il est renversé par une voiture. Folle de douleur, Manuela part à la recherche de l'homme qu'elle a aimé, le père de son fils.
Tout sur ma mère – 19 Mai 1999 – Réalisé par Pedro Almodovar
Lors de l'arrivée de la T.N.T, on s'est extasié du nombre de chaînes et de l’accès à tous le monde au numérique. Mais force est de reconnaître que la T.N.T à les défauts de ses qualités, à savoir un grand nombre de programmes sans intérêt qui ne sont là que pour le remplissage. Si au début cela fonctionnait, elle a de plus en plus de mal à cacher ses vices. Malgré tout il arrive que quelques chaînes face une place particulière au cinéma, avec des cycles thématiques, comme ce que la chaîne Chérie 25 propose. Le dernier en date ? Celui sur Pedro Almodovar qui à commencer par « Todo sobre mi madre » ou plus simplement « Tout sur ma mère ».
Manuela est une infirmière célibataire qui fait tous ce quel peut pour satisfaire les besoins de son fils Esteban. Un enfant féru de littérature et de cinéma, qui passe son temps à écrire. Un passe temps qui ne masque pas les blessures du passé, dont l'absence d'un père qu'il aimerait tant connaître. Le jour de son anniversaire, Manuela emmène son fils voir « Un tramway nommé désir » et à la sortie il ne souhaite qu'une chose, c'est avoir l'autographe de l'actrice principale. Hélas en tentant de l'avoir, le sort s'acharne et Esteban meurt des suites d'une collision avec une voiture. Ironie cruelle, Manuela qui coordonnait les dons d'organes, accepte que le cœur de son fils soit transplanté et sauve la vie d'une personne. Dévastée, perdue et sans repère, elle quitte tout et décide de revenir sur son passé, à Barcelone, pour reconstruire sa vie et pour retrouver le père d'Esteban. Une nouvelle aventure, ou des amitiés anciennes seront renoués, des nouvelles crées et ou des cœurs perdus seront recollés, par des femmes de caractères ou la solidarité n'est pas un vain mot
Quant a la fin d'un film j'ai envie qu'il continue, c'est plutôt bon signe et « Tout sur ma mère » fait partie de ce genre là. Un film de Pedro Almodovar qui est bien loin de « La Piel que Habito », le dernier film en date du réalisateur que j'ai pu découvrir. Ici point de thriller, point de docteur ivre de vengeance, mais une histoire pleines de vie, pleines de femmes ou Almodovar livre une part de lui.
Le scénario du film est écrit par Pedro Almodovar en personne et il conte l'histoire de Manuela, Huma, Nina, Rosa, Agrado et Lola. Le leitmotiv des personnages ? L'envie de vivre ! Forte, prenante et impalpable, elle est le moteur de l'intrigue qui se densifie rapidement en ajoutant plusieurs personnages d'un coup. On passe ainsi de Manuela éplorée par la mort d'Esteban à un groupe de femmes de tout age et de toute horizon à qui il ne reste que leur inébranlable solidarité pour surmonter les vicissitudes de la vie. Chacune à son tour voit sa vie prend un tour inattendu, Manuela vient reconstruire sa vie et trouve une fille de substitution avec Rosa qui découvre quant à elle, la dureté d'une vie sentimentale impitoyable. Agrado l'amie transsexuelle de Manuela se range auprès de l'immense Huma, comédienne qui a bien du mal avec Nina sa compagne, une toxicomane de plus en plus accroc à la drogue. Et enfin Lola, le père transsexuelle et ex-mari de Manuela (Amant de Rosa) qui revendique le droit de voir ses enfants.
Un éventail de situation qui permet à Almodovar d'explorer (presque) toutes les facettes d'une femme, que cela soit la mère, l'amante ou l'enfant, il livre un portrait complexe sur la vie d'une femme et sur toutes les difficultés qui peuvent se dresser devant elle. Tout cela sans aucun tabou et avec une énergie sans égal qui nous porte au plus près de ces personnages passionnant. Tantôt émouvant, révoltant, désespérant ou encore attachant, il offre un instant d'immortalité ou il rend grâce a la femme en général, mais aussi aux actrices et enfin à sa mère, pendant plus d'une heure ou l'on reste béat devant tant de courage, d'amour et de tolérance.
Un scénario habilement construit que le réalisateur magnifie à merveille. Une mise en scène élégante, très aérienne qui rend à l'écran, la chaleur qu' Almodovar et les interprètes nous donnent tout au long du film. Il profite de la magnificence de Barcelone, pour filmer de magnifique décors, des intérieurs aux tons rouge, orange et jaune à l'esthétique qui semble sortie des années soixante-dix. Un écrin idéal ou les péripéties s’enchaînent sans réel temps mort, avec rythme et efficacité ou l'humour communicatif désamorce les tensions, sans jamais occulter la gravité des sujets abordes. Une justesse que l'on doit autant à Almodovar qu'a ses nombreuses interprètes qui se donnent à 100%. On y trouve l'immense Marisa Paredes qui vous cloue sur place par son talent, Candela Pena qui joue sa chérie ne démérite pas et joue avec intensité; Antonia San Juan qui se trouve derrière le personnage d'Agrado est d'une générosité à toute épreuve, elle fait part d'un naturel désarmant qui en désarçonnera plus d'un; Pénélope Cruz est une sœur au cœur d'or et a la sensibilité exacerbé; Toni Canto quant à lui joue Lola, un personnage mystérieux que l'on voit peu mais qui s'avère attachant et pour finir la magnifique Cecilia Roth qui prend les traits de Manuela, une femme au courage exemplaire et au dévouement sans faille pour les siens ou l'actrice livre une performance de choix, qui lui valut un Goya en 2000.Une vrai perle ...