En 2014, il présentait à Cannes « Jimmy’s hall » pour sa 13ème participation ( !!!) en annonçant qu’il prenait sa retraite cinématographique. A 78 ans, ses films perdaient sérieusement de leur mordant depuis un certain temps, on se disait qu’il pouvait tirer sa révérence. Mais le revoilà, à 80 berges tout de même, choper une seconde Palme d’Or (après le magnifique « Le vent se lève ») amplement méritée pour un film majeur d’une filmographie déjà bien remplie : un coup de maître. Le vieux monsieur qui aime à dire que ses films servent à « donner la parole à ceux que l’on entend jamais » n’a rien perdu de ses convictions, de sa révolte, de sa fougue et surtout de son humanisme. Simpliste, oui ; militant aussi ; mais surtout précis, direct et sans effets de manches. Pudeur et retenue sont au rendez-vous de cette attaque en règle envers le cynisme du système social britannique… et du système tout court. Comment ne pas être derrière le jeune voisin de Daniel Blake ayant bien compris les rouages de la mondialisation pour s’en mettre plein des fouilles ? Comment ne pas soutenir un Daniel Blake qu’un système administratif absurde essaie de faire passer pour un anachronique alors qu’il vit les mutations comme une véritable violence sociale ? La violence du libéralisme de cet Etat déléguant à des sociétés privées soucieuse de leurs bénéfices l’accompagnement des plus démunis choque, mais heureusement son absurdité fait sourire et même rire parfois. Tout sonne juste jusqu’à un final dont le spectateur ne peut sortir indemne : la machine étatique à broyer finit, par capillarité, à broyer aussi le spectateur. Et tout çà avec une grande pudeur dans les dialogues, la mise en scène,… Dans Positif et pour faire écho à l’actualité, Grégory Valens : « Au moment où les alternatives politiques à gauche se réduisent comme peau de chagrin (...), la combativité jamais ébranlée de Loach est plus que jamais nécessaire pour pointer les errements de nos sociétés et guider les citoyens vers un autre monde. »Bouleversant de bout en bout comme tous ces gens simples se débattant sous nos yeux durant 1h40.
Ma note: 19/20
Sorti en 2016