Il y a 3 000 ans, les plus grands marins du monde voyagèrent dans le vaste océan Pacifique, à la découverte des innombrables îles de l'Océanie. Mais pendant le millénaire qui suivit, ils cessèrent de voyager. Et personne ne sait pourquoi... Vaiana, la légende du bout du monde raconte l'aventure d'une jeune fille téméraire qui se lance dans un voyage audacieux pour accomplir la quête inachevée de ses ancêtres et sauver son peuple. Au cours de sa traversée du vaste océan, Vaiana va rencontrer Maui, un demi-dieu. Ensemble, ils vont accomplir un voyage épique riche d'action, de rencontres et d'épreuves... En accomplissant la quête inaboutie de ses ancêtres, Vaiana va découvrir la seule chose qu'elle a toujours cherchée : elle-même.Vaiana, la légende du bout du monde – 30 Novembre 2016 – Réalisé par John Musker et Ron Clements
Depuis que j'apprécie et que je suis le rugby, je suis tombé en admiration devant les équipes de l'hémisphère sud et notamment celles de Polynésie ce sont les équipes nationales de rugby de la Nouvelle-Zélande, les Samoa, les Tonga et les Fidji. Grace à cela j'ai découvert avant toute chose, le fameux Haka, son importance et sa signification, ainsi que la part de spiritualité immense que ça implique. Et lorsque Disney dans une des innombrables messes dont ils ont le secret on annonce la sortie de Moana, j'en étais ravi . La culture polynésienne allez être à l'honneur une fois de plus chez disney et surtout cela donnait à Dwayne Johnson un rôle en or, celui de « Maui »
Le film commence dans une île au milieu du pacifique dans une tribu d'insulaire. Tala la mère du grand chef de la tribu conte les aventures et exploits du demi-dieu « Maui » aux enfants du village. Et Tala fait vivre cela avec passion, quitte a leur faire peur. Seul la jeune Vaiana pleine d'envie et d'admiration reste stoïque devant les gesticulations de sa grand-mère, car malgré son jeune age, l'océan l'intrigue et l'appelle … Hélas son père ne voit pas ça d'un bon œil et il préfère lui rappeler ses futurs devoirs en tant que fille du chef de la tribu. Mais tout ça va voler en éclat quand la nourriture commence à se faire rare sur l’île et dans les eaux qui la bordent, car la seule solution est de retrouver Maui pour qu'il remette le cœur Te Fiti à sa place et rendre enfin la vie à un archipel qui dépérit. Pour ça Vaiana va embraser les traditions éteintes de ses ancêtres et franchir les limites de son île pour partir à la recherche de son cœur …
Enfin, alors que l'année 2016 touche à sa fin, j'ai vu un film qui ne m'a pas déçu et c'est Disney qui me l'offre. Si je dis cela, ce n'est pas pour dire que seul « Vaiana » m'a plu mais qu'il est le seul film à ne pas avoir déçu mes attentes à contrario d'un grand nombre de films cette année. Une réussite qui confirme aussi la vitalité d'un cinéma d'animation qui ne cesse de surprendre tant par la ou les techniques employées que pour les sujets abordés. C'est ainsi qu'après « Lilo et Stitch » en 2002, on redécouvre la Polynésie et une part de ses traditions par le duo Ron Clements/ John Musker qui signe avec « Vaiana » leurs 7 ème « Classiques d'animation Disney ».
Le scénario du film est passé entre de nombreuses mains, de Taika Waititi à Jared Bush au final que l'on retrouve après son travail sur Zootopie en début d'année. C'est un savant mélange entre le récit initiatique classique, la fable écologique et le récit mythologique avec le savoir faire du duo Clements/Musker. Car c'est peut être le seul point faible du film. Le scénario qui est en apparence peu complexe et sans surprise décevra une partie des gens, mais comme tout bon artiste, les réalisateurs connaissent leurs partitions sur le bout des doigts et livre un modèle de récit équilibré à tous les niveaux qui respecte en tout point les principes du monomythe de Joseph Campbell. L'héroine Vaiana est irrémédiablement attirée par l'océan, une aventure qu'elle ne tente pas de tout de suite car sa tribu à besoin d'elle, mais son mentor (La grand-mère) la pousse à y aller. Son décès est l'acte déclencheur à son voyage durant lequel elle subira des épreuves, dépassera son statut initial et trouvera un allié de poids, le demi-dieu Maui, jusqu'à la résolution de sa quête. C'est classique, je le conçois, mais c'est aussi clair, limpide et extrêmement bien exécute et raconté. La spécificité venant alors de la touche mythologique et culturelle que le film ajoute au récit.
Maui le personnage doublé par Dwayne Johnson en version originale est l'une des légendes les plus connues dans la mythologie polynésienne, histoire qui se transmet traditionnellement de façon orale. On le retrouve dans bons nombres d’îles, que cela soit en Polynésie, Micronésie ou encore Mélanésie. Parfois le nom diffère, ou le rôle, mais il a toujours sa place quoi qu'il arrive dans les récits oraux de ces cultures. Celui qui s'en rapproche le plus ici, c'est le Maui décrit dans la culture Maori. Il a était abandonné par sa mère, il a un hameçon, il donne le feu aux hommes et permet un équilibrage du cycle de jour et nuit en capturant le soleil. Et on retrouve ça dans le film grâce aux tatouages de Maui, qui soit y en passant est un art important dans la culture maori, De plus ils complètent de manière détournés la mythologie du personnage en réécrivant « sa mort ».
Il essaye de dérober l'immortalité à Hine-nui-te-po (la déesse de la Nuit et de l'Au-delà ) pour l'offrir aux hommes, mais la déesse s'en aperçoit et le tue. Dans le film de Musker/Clements, la quête est similaire pour lui, il veut dérober le cœur de Te-fiti pour offrir « la création » aux hommes, pour être apprécier mais aussi pour qu'ils puissent faire ce qu'ils désirent, créer à l'infini, car qui dit création, dit donner la vie et accéder ainsi à une forme d'immortalité. Mais cela sera aussi le nœud du problème, parce qu'il bouleversera l'ordre établi et l'équilibre dans le monde.
Le duo Musker/Clements récite leurs gammes avec une aisance qui frôle l'insolence. Si le scénario est certes classiques, la culture polynésienne insuffle ce qu'il faut de nouveauté et de mysticisme pour nous emporter avec eux. Du début à la fin c'est un sans faute en termes de rythmes, de découpages et de montages ou l'on a le tend d'apprécier à leurs justes valeurs les différents personnages (Maui, Vaiana), les péripéties qui les touchent et qui rendent hommage au cinéma, notamment lors de l'assaut des Kakamoras qui dans un élan mad-max fury roadesque livre une excellent scène d'action, qu'un clin d'oeil amoureux à l’œuvre de Miller. L'animation est au top de ce que l'on connaît chez Disney, c'est généreux, fluide et vraiment très beau. Le rendu incroyable est par instant proche du photo-réalisme, tant dans la modélisation de l'eau que des divers paysages qui entourent les protagonistes. La direction artistique et les choix en termes de chara-design sont réussis et totalement assumée. Tout comme le doublage du film qui donne tout le caractère nécessaire aux divers personnages, avec comme figure de proue Auli'i Cravalho et Dwayne Johnson.
A ça il faut ajouter les nombreuses chansons écrites pour le film qui vu les réalisateurs nous rappellent sans forcer leurs plus belles heures. On doit cela à trois personnes, à Mark Mancina, à Opetaia Foa'i du groupe néo-zélandais « Te Vaka » et au populaire Lin Manuel-Miranda, créateur du fameux spectacle de Broadway « Hamilton ». Un regroupement de talent qui fait mouche et qui habille par des belles mélodies l'ensemble du film et les péripéties des personnages. Subtil mélange de chanson en langue anglaise et en langue tokelau (langue polynésienne) pour un résultat des plus dépaysant. Ils n'en oublient pas cependant de marquer les esprits avec quelques morceaux emblématiques comme « You're Welcome » chanté par Dwayne Johnson, « Shiny » écrit et interpréter par Jemaine Clement ou encore « How Far I'll Go » interpréter par Auli'i Cravalho. Une bande originale excellente qui est un véritable plus pour le film.
Si au final le message du film est simple dans le sens ou il ne faut pas renier ce que l'on est au fond de nous, il s'accompagne à mon humble avis d'un sous-texte écologique puissant et de circonstance. Maui en volant le cœur de Te-fiti pour le donner aux hommes, pille en réalité les ressources essentielles pour que les habitants et la terre puisse vivre et se développer. Petit à petit les ressources se tarissent, les cultures pourrissent, les poissons ne sont plus la, bref une façon imagée de voir le réchauffement climatique, ce qui est d'autant plus frappant que ce sont les habitants des îles du pacifique et d'ailleurs qui sont les premières victimes de ça. Mais voilà, la fatalité n'est pas une solution pour les auteurs du film, qui croient que l'on peut encore changer, que l'on peut sauver cette bonne vieille terre et que cela nous appartient à nous de faire les bons choix. Et si pour certain la fin paraît mièvre au possible, elle est un beau message d'espoir …
Un soupçon de mythologie, de poésie et d'aventure pour une quête enivrante "YOU'RE WELCOME"
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