Question d’intrigue : tour d’horizon

Par William Potillion @scenarmag

Pour John Truby, l’intrigue serait ce qui est le moins pensé au préalable du processus d’écriture lui-même. On réfléchit aux personnages, parfois à ce qu’ils pourraient dire dans ce scénario.
Et puis, on se dit que l’intrigue découlera ou dérivera d’elle-même de nos réflexions, en cours d’écriture en quelque sorte.

De toute évidence, ce n’est pas ainsi que cela doit fonctionner.
Une intrigue implique des personnages et des événements ou bien si vous préférez des images et des mots que l’on tisse dans le métier à tisser narratif d’une histoire.

C’est un cadre délimité qui fait de votre histoire un tout. Ce qui signifie que les personnages, les actions, les images, les mots doivent s’accorder pour donner au moins un thème significatif.

Sartre disait que l’on n’écrivait pas pour soi, mais pour les autres. D’où peut-être  la complexité et le détail que l’on doit mettre dans une intrigue. Comme le souligne John Truby, le fonctionnement défectueux d’un seul événement dans l’intrigue et c’est toute l’histoire qui en pâtit.

L’acte Deux est le plus difficile à écrire

Nous l’avions déjà constaté dans un précédent article :
LA GALERE DU SECOND ACTE

Et c’est lui qui porte l’intrigue. Et cette dernière doit être vue comme un élément narratif parmi d’autres et au même titre que la prémisse, l’argument moral, les mondes décrits dans l’histoire, les personnages…

Pour donner une définition, l’intrigue décrit une série d’événements et comment ceux-ci apparaissent. Donc, c’est une question de distribution de l’information tout au long de votre histoire.

Cette distribution consiste à manipuler ces informations en les révélant partiellement ou totalement ou en les retardant ce qui crée du suspense et du mystère.

Une intrigue est nécessairement organique

La série d’événements qu’elle décrit doit avoir un but dans cet ensemble qu’est l’histoire.
C’est ce qui lie les événements non seulement entre eux mais qui leur apporte aussi du sens. D’où cet aspect organique d’une intrigue qui articule les événements comme autant de rouages d’un mécanisme plus complexe qui ne fonctionne plus si l’un de ces rouages s’enraye.

Il existe un principe directeur à l’œuvre qui vous dit quels sont les événements qui doivent être racontés et dans quel ordre.

Le personnage principal est le guide

L’intrigue doit faire la démonstration du changement qui s’opère dans la personnalité du héros.
Ou bien expliquer pourquoi ce changement est impossible.

Quelque soit la position de l’auteur sur la problématique de la causalité, chaque événement se justifie par un lien de cause à effet. Cela ne signifie pas que le héros soit déterminé dans ses actes. Il n’est pas condamné à agir d’une manière spécifique. Il serait trop prévisible.

On peut considérer cependant la nécessité qu’il soit proactif, qu’il prenne en main sa destinée. Sa fonction définit son essence mais ses actes sont ce qui lui donne une existence, en particulier dans sa relation aux autres.

La durée des actions a son importance aussi. Un événement peut-il s’étendre sur une seule scène ou lui en faut-il plusieurs ?
La dynamique qui s’installe entre les personnages impliqués dans l’action doivent être une opportunité pour l’auteur qui peut ainsi explorer la nature des relations qui les unit. Comme par exemple l’équilibre des forces à l’œuvre dans l’événement.

Les événements et leur ordre ne doivent pas non plus rendre le personnage principal prévisible. Celui-ci possède une humanité, une plénitude même s’il n’a pas encore découvert sa véritable nature.
Il a un but dans l’histoire mais il a aussi des qualités et des faiblesses et le mélange de tout cela lui confère une liberté qui ne laisse pas de surprendre le lecteur.

Une intrigue, c’est d’abord une contradiction

Pour John Truby, il y a contradiction entre créer des actions et les poser dans un certain ordre, ce qui est arbitraire, et le fait qu’elles doivent apparaître naturellement.

C’est ainsi que de nombreuses intrigues fonctionnent sur la rétention d’informations. Le héros et le lecteur sont ignorants de ce qui arrive dans l’histoire ou sont confus de ce qui y arrive et ils essaient (héros et lecteur) de comprendre la vérité des événements ou des autres personnages.