C’est parti, la tradition est déjà installée, voici le Star Wars de Noël. Et pour la première fois, pas de famille Skywalker au centre de l’histoire avec ce premier film dérivé de la saga. Et pour un coup d’essai, Rogue One est une réussite, un excellent volet de la saga, doublé d’un bon film de guerre contemporain.
Nous étions prévenus. Depuis le rachat de la licence par Disney, nous allons en manger du Star Wars, au plus grand détriment des détracteurs de la saga, avec un film par an et une alternance d’un film de la saga « traditionnelle» (entendez par là, des épisodes numérotés fortement lié au destin général de la famille Skywalker) et d’un film « spin off» s’intéressant à certains pans de l’univers de George Lucas encore inexplorés (le prochain sera un film centré sur la jeunesse de Han Solo). Après le retour nostalgique à l’aventure signé JJ Abrams l’an dernier avec le Réveil de la Force, c’est maintenant à du plus sombre, violent et guerrier Rogue One de nous plonger enfin littéralement en pleine guerre des étoiles.
Ce premier film revient donc sur un épisode de la guerre qui précède tout juste Un Nouvel Espoir en suivant l’équipe qui est chargée par l’alliance rebelle d’intercepter les plans de l’Etoile de la Mort qui fait déjà trembler toute la Galaxie. Et notre héroïne sera Jyn Erso, la fille du futur concepteur de l’engin destructeur à grande échelle, qui va donc se retrouver mêlée à la rébellion avec un équipage assez hétéroclite pour aller de planète en planète afin de trouver ces fameux plans. C’est tout ce que nous dirons sur l’intrigue, car même si nous connaissons forcément là fin, il ne faudrait tout de même pas gâcher les surprises qui nous attendent pendant le film (même si les bandes-annonces ont dévoilé le caméo d’un certain asthmatique).
Par contre, ce que l’on peut dire, c’est que le film est une formidable réussite qui devrait facilement convaincre les déçus d’Abrams. Ici, Gareth Edwards (Godzilla) montre toute la mesure de son talent et de sa connaissance de l’univers de George Lucas. S’intéresser à cette histoire lui permet d’offrir enfin un véritable film de guerre avec ce qu’il faut de bataille, de sabotage et de courage pour développer sa propre personnalité. Alors même si de nombreuses et crédibles rumeurs font état de reshoot et remontages en catastrophe imposés par la production, cela ne se ressent pas vraiment pendant le film qui se tient très bien, tant scénaristiquement que dans sa réalisation. Là où Abrams était en permanence dans le rêve et le souvenir, Edwards adopte la démarche opposée en nous rappelant que Star Wars, c’est avant tout une guerre et que celle-ci fait des victimes. Avec un style parfois documentaire, il capture l’univers Star Wars comme cela n’avait pas été fait depuis longtemps, de la découverte de population pittoresque jusqu’à des séquences de bataille au sol ou dans l’espace particulièrement prenantes.
C’est simple, avec Edwards, une échauffourée en ville évoque dramatiquement des combats qui ont lieu en ce moment sur notre planète. Alors que dans le final il nous plonge dans une guerre du Vietnam édulcorée (après tout, c’est Star Wars et c’est tout public) comme Lucas ne se l’était pas autorisé. Avec ce qu’il faut de références à Un Nouvel Espoir qui est logiquement le chapitre suivant de cette aventure, sans en abuser, il retrouve un autre aspect de ce que l’on aimait déjà à l’époque dans la saga, son côté authentique et son contexte politique tissé en filigrane de manière passionnante.
Et avec cela, il nous offre une galerie de nouveaux personnages inédits qui sont plutôt bien fouillés et se détournent enfin des archétypes de la saga, des personnages complexes au multiples facettes et mus par un code d’honneur qui leur est propre pour mener leur mission à bien, de notre héroïne au droïde en passant par l’illuminé aveugle spécialiste des arts martiaux. Oui nous restons du côté des « gentils» mais cette Rébellion a ici une facette moins polie que ce qu’il nous a été donné de voir, et c’est tant mieux car d’une certaine manière, cela reflète bien la complexité de notre monde actuel. Et oui, ce Rogue One peut facilement se voir en miroir de ce que nous vivons actuellement avec en arrière plan des choses à dire sur la politique, le terrorisme, la guerre et la religion, et se montre alors être un film très contemporain et complet.
Alors bien entendu Rogue One n’est pas parfait et aurait pu aller beaucoup plus loin, particulier dans la face sombre de ses personnages ou dans un traitement parfois plus épique, mais nous offre tout de même de bons moments de cinéma, des personnages intéressants et un dernier tiers rempli d’action qui remet les pendules à l’heure sur ce que doit être un blockbuster avec une âme. Et tout ça, ce n’est pas rien. Maintenant il ne vous reste plus qu’à vous engager dans la Rebellion.