Avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn
Chronique : Rogue one, c’est le premier spin-off officiel tiré de l’univers Star Wars. Ça ressemble à du Star Wars, ça a le goût de Star Wars, mais ce n’est pas tout à fait Star Wars.
Mais ça ne veut pas forcément dire que ce n’est pas bien. En effet, Kathleen Kennedy, la désormais grande patronne de la marque Star Wars et productrice avisée, veille scrupuleusement à ce que l’esprit des épisodes originels habite les nouveaux films, amenés à sortir au rythme d’un opus par an.
En ce sens, Rogue One exploite parfaitement son statut de stand alone. Il est pleinement dans l’univers Star Wars, mais délesté de toute contrainte narrative relative à la storyline historique. Ainsi les décors, l’imagerie culte propre à la saga, la musique, tout est là pour nous rappeler que nous sommes en terrain conquis. D’autant plus que Rogue One va encore plus loin que le Réveil de la Force dans sa volonté farouche de s’éloigner d’un tout numérique si décrié dans la prélogie pour revenir à un rendu plus organique, fait de poussière, de rouille, de crasse et de poudre. Mais il n’a pas l’obligation d’apporter des réponses à un récit gigogne dont il ne serait qu’un constituant. Il existe par lui-même. Son action, ses personnages, son histoire approfondissent l’univers originel sans en changer le sens. Rogue One peut faire preuve de plus de liberté, il peut être plus définitif car il n’a pas besoin de ménager les éléments qui le constitue.
Il assume ainsi son statut de film de guerre indépendant, brutal sombre, exploitant plus encore les thèmes de la résistance, de l’esprit de corps et du don de soi.
En imaginant comment les rebelles ont subtilisé les plans de l’étoile noir pour les remettre à la princesse Leia (point de départ de l’épisode IV), les scénaristes ont su se créer un excellent matériel pour façonner un film de genre cohérent, tout en étendant la mythologie.
Rogue One n’est cependant pas exempt de défauts et souffre d’un gros passage à vide au coeur du film alors que tout le monde semble chercher un certain Saw Guerrera.
Ça patine alors sérieusement, et le temps semble bien long, d’autant plus que l’interprétation est globalement peu convaincante, en particulier Diego Luna, fade au possible et surtout Forest Whitaker, à la limite du grotesque. On regrette le peu de temps à l’écran de Riz Ahmed (Night Call, The Night Of) qui sauve comme il peut le niveau général du casting.
Le film n’échappe pas non plus à une certaine mièvrerie et à un manque de subtilité dans son pan émotionnel, qui va de pair avec une construction de personnages superficiels.
Malgré tout, il finit par s’en sortir par le haut lors d’une dernière demi-heure magistrale et habitée d’un souffle qui lui avait cruellement fait défaut jusqu’à là.
La bataille de Scarif, dans des décors absolument sublimes, met en exergue la dimension sacrificielle du bataillon Rogue One, et l’intensité qui la parcoure justifie à elle seule le projet, d’autant plus qu’elle saura offrir son lot de madeleines aux fans de la saga.
Au final, Rogue One valide le pari de Kennedy d’étendre l’univers Star Wars à des intrigues auxiliaires, sans impact sur la trame principale, mais lui offrant de nouveaux éclairages et toujours avec une exigence élevée. Dispensable certes, mais hautement divertissant.
Synopsis : Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.