La nouvelle série événement de HBO était attendue au tournant. Et malgré quelques complications, les promesses de Westworld semblent tenues avec une première saison aussi mystérieuse que passionnante.
Mais quelle histoire a bien pu rassembler autant de beau monde ? Une histoire qui mêle habilement western et science-fiction, avec autant d’effet tape à l’oeil et de révélations que de sujets à réflexion sur l’homme et la machine. Ainsi, nous découvrons un parc futuriste ayant pour thème le far west dans lequel les visiteurs peuvent vivre d’incroyables aventures en rejouant les cowboys ou les brigands. Et ces visiteurs sont accueillis et assistés par des robots ultraréalistes faisant de la figuration de luxe, ignorant leur propre condition de machine et étant réinitialisés à chaque reprise du scénario décidé par la production. Tout cela se déroule bien jusqu’à ce qu’un programme provoque un bug et provoque le « réveil» des machines.
Dès les premières images de la série, le thème est posé. L’ambition est grande, tant en terme d’ampleur du récit avec son cadre grandiose du far west et sa superbe reconstitution, qu’en terme de réflexion. Et si les premiers épisodes laissent échapper un bon potentiel avec des comédiens investis et une musique qui joue sur la relecture du classique ou de morceaux plus rock (Paint it black en western est formidable), il faut tout de même se faire au rythme lent de l’intrigue qui plonge dans les détails du parc et dans les coulisses de sa conception avec des décors futuristes plus sombres et minimalistes et des réflexions qui semblent bien absconses.
Il faudra alors dépasser le milieu de la saison pour que le rythme nous happe vraiment et que les questions nous fascinent autant que les premières réponses qui seront apportées. Et nous découvrons rapidement que dans Westworld, tout est possible, des personnages que l’on pensait humains peuvent être finalement des machines, des robots que l’on penserait inoffensifs peuvent devenir leaders d’une petites révolution et surtout, il y a finalement plusieurs histoires imbriquées qui vont se révéler petit à petit à l’instar de ce que l’on va apprendre sur l’homme en noir ou sur les intentions véritables du concepteur du parc. Même si il y a pas mal de révélations qui font que cette saison se tient bien toute seule, de nombreuses zones d’ombre restent sujettes à interprétation et à de futures révélations ou retournements de situations.
Si l’on a par contre du mal à adhérer à l’ensemble des personnages qui sont tous assez froids et qui font que l’on peut peiner à entrer dans le show, c’est surtout sur la réflexion philosophique que l’on accrochera au fil des épisodes. Westworld va ainsi assez loin pour évoquer la folie des grandeurs des hommes qui se prennent pour des dieux en créant leur monde et leurs histoires, ou cédant à leurs pulsions gratuites. Mais il nous permet également de nous interroger sur ce qu’est l’humanité et dans quelles conditions l’éveil d’une conscience est possible pour les machines. En prenant clairement le parti des robots, ceux-ci paraissent donc plus humains avec leurs failles et leurs dilemmes, chose que l’on n’a pas vue abordée de manière aussi profonde depuis longtemps et qui nous rappelle pourquoi la SF est un genre fascinant.
Malgré ses personnages froids et le temps que la série prend à démarrer, on ne peut ensuite que s’empêcher d’être obnubilé par les questions qu’elle pose et l’univers qu’elle met en place. Westworld rempli donc presque ses promesses et est assurément l’une des grandes séries de l’année ! On espère qu’elle gardera ce cap pendant la seconde saison déjà confirmée.