Assassin's Creed (2016) de Justin Kurzel

Adapté du jeu vidéo culte ce film est attendu comme, peut-être, le film issu d'un jeu vidéo qui sera enfin une référence ! En effet de "Street Fighter" (1994) de Steven E. De Souza à "Warcraft" (2016) de Duncan Jones en passant par "Resident Evil" (2002) de Paul W.S. Anderson le genre n'a pas encore créé son chef d'oeuvre. Avec un budget supérieur à 150 millions de dollars (équivalent "Warcraft") et produit par Ubisoft la société de jeux Vidéos à l'origine du projet avec en prime un réalisateur qui a de quoi nous faire saliver. En effet Justin Kurzel est le réalisateur du sublime et tortueux "Macbeth" (2015) qui était déjà avec le duo Michael Fassbender et Marion Cotillard. Ils se retrouvent donc ici avec un tout autre genre, l'ambition du projet, l'audace qu'il faut et dont ils ont fait preuve sur leur précédent film promet une adaptation de ce jeu vidéo sombre et viscérale. Outre ce trio on retrouve au casting des acteurs au charisme certain avec Brendan Gleeson (sous-exploité), Jeremy Irons (minimum syndical) et Charlotte Rampling (trop en retrait) qui chapeautent nos franchies Ariane Labed (convaincante mais sous-exploitée) et Denis Ménochet (énorme présence peu exploité mais promet de monter en puissance...).

Assassin's Creed (2016) de Justin Kurzel

Au scénario nous avons le duo qui signa "Divergente 3 : au-delà du mur" (2016) de Robert Schwentke et "Exodus : Gods of Egypt" (2014) de Ridley Scott. Le scénario, d'une importance capitale ici tant l'univers de "Assassin's Creed" est vaste, d'autant plus que les producteurs veulent à la fois satisfaire les fans et amener les néophytes à la saga. Toujours casse-gueule... 1ère erreur, débuter le film avec un prologue à la fois trop long et trop explicatif qui annonce d'emblée que ce film n'est qu'une entrée en matière pour prévoir plusieurs suites. Cette première partie est de surcroît alourdie par des flash-backs habituels. 2nde erreur, se servir de l'animus comme paramètre essentiel et central de l'intrigue alors que dans le jeu vidéo il n'est qu'un outil qui nous amène au récit principal, au seul qui nous intéresse l'aventure et la quête à travers les âges. Ces deux points obligent à suivre un combat qui prend une place trop importante à "notre" époque. Inquisition = 50%, aujourd'hui = 50%. La transition entre les deux époques (500 ans environ) est parasité par des images subliminales de notre héros qui mêlent notre héros/animus à son aïeul/Inquisition ce qui donne l'impression qu'un joueur joue à une sorte de Wii pour adulte dernier cri. Heureusement il reste les décors-costumes, le climax bien rendu et des scènes d'action efficaces.

Assassin's Creed (2016) de Justin Kurzel

Décors-costumes très fidèles et aussi stylisés que dans le jeu, un climax qui joue sur les deux époques, de l'ocre poussiéreuse de l'Inquisition au bleu froid d'aujourd'hui Kurzel impose le choc entre l'espoir (le libre-arbitre encore possible grâce aux Assassins) et le déclin (société pyramidale dirigée par des Guides). Bémol sur l'artefact, plus proche dune boule de pétanque que de son "produit" originelle. Les scènes d'action sont dirigées par Ben Cooke, célèbre pour avoir travaillé sur les derniers James Bond. Les acteurs ont dû s'entrainer, dont Fassbender qui s'est mis au "Parkour" (style de déplacement à la Yamakasi) alors qu'il avait déjà une expérience du combat à l'arme blanche depuis "300" et "Centurion" (2010). La force du film réside également au choix de Kurzel de limiter au maximum les images de synthèse pour favoriser les décors naturels et les cascades "à l'ancienne". En témoigne le "Saut de la Foi" où un cascadeur a effectivement fait un saut dans le vide de 38m ! Les chorégraphies des combats sont denses et nerveuses même si elles sont sans doute un peu trop saccadées. La photographie est signée Adam Arkapow qui était déjà à l'oeuvre sur "Les crimes de Snowtown" (2011) et "Macbeth" (2015) du même Kurzel. Au final on est la fois déçu que Justin Kurzel n'y est pas mis plus de "Assassin's Creed" en donnant l'avantage à la quête à travers les époques, que ce ne soit pas plus viscéral (à la "Macbeth" !), mais on reste assez bluffé par l'ambition du projet et la sincérité qui transpire de ce même projet. Réalisé ce film comme si les suites étaient déjà prêtes à tourner de façon certaine (leur film va être un carton suffisant ?! A priori...) est trop présomptueux et retire à ce film d'être jugé pour lui seul. En effet il prendra de la valeur (ou non) quand et si la suite prend son envol. A suivre...

Note :

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