Travis fait une embardée
Palme d’or contesté, sifflé lors de sa projection, dézingué par pas mal de critiques, frôlant un classement « film X » ; aujourd’hui « Taxi driver », pour toute une génération, figure au sommet du panthéon du cinéma. Martin Scorcese signe là un film sensoriel autour de ce chauffeur de taxi paumé, solitaire, raciste et asocial. Sensoriel, car on est dans le taxi avec cet ex Marines incarnant bien les dégâts psychologiques causés par la guerre du Vietnam. On arpente les rues poisseuses peuplées d’une foule bigarrée derrière le pare-brise avec le fameux Travis. Nous voilà placés en observateur privilégié de ce New York by night assez glauque décrit par Travis comme « un égout à ciel ouvert ». Scorcese dans la veine moraliste limite christique que l’on trouvait déjà dans « Mean street » fait dire à Travis : « que la pluie vienne laver les rues de toute cette racaille ». Sensoriel aussi, car la musique jazzy de Bernard Herrmann nous accompagne sans cesse durant ces longues nuits d’errance entre clients marginaux, rues de débauches, cinémas pornos,… Sensoriel, car on assiste de manière pernicieuse à la dégringolade d’un solitaire incapable de s’insérer dans la société et dérapant « gentiment » vers une schizophrénie latente ou une forme de paranoïa ; enfin, on voie très vite de grosses fragilités psychologiques… provoquée par une solitude profonde. Seul face à son miroir, son « lui-même » devient son meilleur interlocuteur ce qui donne une des scènes les plus célèbres du cinéma avec le mythique « you are talking to me ». Cette solitude entraine aussi Travis vers un fascisme ordinaire et donc assumé. Terrifiant, Travis incarne une terreur pouvant surgir de tout individu lambda. Et si sa tentative de socialisation et d’intégration sociale via la séduction de la belle Cybill Sheperd avait fonctionné, il ne serait pas devenu le type dangereux que l’on voie devenir petit à petit. Mais il est tellement pathétique que même cette bouée de sauvetage était vouée à l’échec. Seule la morale finale est dérangeante : pourquoi faire d’un psychopathe destructeur le héros de l’autodéfense ? Peut-être pour montrer tout le paradoxe d’une société déjà ultra violente… En aparté, au-delà d’un casting XXL (De Niro toujours aussi mimétique avec ses personnages ; Cybill Sheperd magnifique en femme inaccessible ; Harvey Keitel, je l’adore ; Jodie Foster, 12 ans, joue une prostituée !!!) ; Scorcese joue lui-même le rôle d’un client déjanté tenant avec force de conviction des propos d’une violence inouïe.
Sorti en 1976
Ma note: 16/20
Palme d’or contesté, sifflé lors de sa projection, dézingué par pas mal de critiques, frôlant un classement « film X » ; aujourd’hui « Taxi driver », pour toute une génération, figure au sommet du panthéon du cinéma. Martin Scorcese signe là un film sensoriel autour de ce chauffeur de taxi paumé, solitaire, raciste et asocial. Sensoriel, car on est dans le taxi avec cet ex Marines incarnant bien les dégâts psychologiques causés par la guerre du Vietnam. On arpente les rues poisseuses peuplées d’une foule bigarrée derrière le pare-brise avec le fameux Travis. Nous voilà placés en observateur privilégié de ce New York by night assez glauque décrit par Travis comme « un égout à ciel ouvert ». Scorcese dans la veine moraliste limite christique que l’on trouvait déjà dans « Mean street » fait dire à Travis : « que la pluie vienne laver les rues de toute cette racaille ». Sensoriel aussi, car la musique jazzy de Bernard Herrmann nous accompagne sans cesse durant ces longues nuits d’errance entre clients marginaux, rues de débauches, cinémas pornos,… Sensoriel, car on assiste de manière pernicieuse à la dégringolade d’un solitaire incapable de s’insérer dans la société et dérapant « gentiment » vers une schizophrénie latente ou une forme de paranoïa ; enfin, on voie très vite de grosses fragilités psychologiques… provoquée par une solitude profonde. Seul face à son miroir, son « lui-même » devient son meilleur interlocuteur ce qui donne une des scènes les plus célèbres du cinéma avec le mythique « you are talking to me ». Cette solitude entraine aussi Travis vers un fascisme ordinaire et donc assumé. Terrifiant, Travis incarne une terreur pouvant surgir de tout individu lambda. Et si sa tentative de socialisation et d’intégration sociale via la séduction de la belle Cybill Sheperd avait fonctionné, il ne serait pas devenu le type dangereux que l’on voie devenir petit à petit. Mais il est tellement pathétique que même cette bouée de sauvetage était vouée à l’échec. Seule la morale finale est dérangeante : pourquoi faire d’un psychopathe destructeur le héros de l’autodéfense ? Peut-être pour montrer tout le paradoxe d’une société déjà ultra violente… En aparté, au-delà d’un casting XXL (De Niro toujours aussi mimétique avec ses personnages ; Cybill Sheperd magnifique en femme inaccessible ; Harvey Keitel, je l’adore ; Jodie Foster, 12 ans, joue une prostituée !!!) ; Scorcese joue lui-même le rôle d’un client déjanté tenant avec force de conviction des propos d’une violence inouïe.
Sorti en 1976
Ma note: 16/20