De: Elizabeth Gilbert.
Résumé: Depuis près de dix ans, des milliers de lecteurs de par le monde ont été inspirés et influencés par les livres d’Elizabeth Gilbert. Aujourd’hui, l’auteure puise dans son propre processus de création pour partager avec nous sa sagesse et son point de vue unique sur la créativité, et nous encourage à aller à la recherche de notre inspiration. Elle nous montre comment capturer ce que nous aimons le plus et comment tenir tête à ce qui nous fait le plus peur ; évoque les attitudes, les approches et les habitudes dont nous avons besoin pour vivre notre vie de la façon la plus créative qui soit.
Que nous souhaitions écrire un livre, relever de nouveaux défis professionnels, poursuivre un rêve trop longtemps mis de côté ou simplement insuffler un peu plus de passion dans notre quotidien, Comme par magie nous ouvre les portes d’un monde de merveille et de joie.
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J’avais adoré Mange, prie et aime d’autant plus la suite. Aussi, j’ai tenté de me tenir informé de l’actualité de l’auteure. Je ne sais plus quand ni comment j’ai eu connaissance de son dernier ouvrage. J’ai su immédiatement pourtant qu’il était ce dont j’avais besoin. Sauf que pour le moment, il n’était disponible qu’en version originale. Forcément déçue mais pas découragée pour autant, je me suis dit que je le lirai une fois qu’il serait traduit en français.
Le temps passe et je l’oublie un peu face à tous les autres livres que je souhaite lire. Et puis, en octobre dernier, à l’aéroport de Los Angeles juste avant mon retour au bercail, il recroise ma route. De tous les livres présents sur les rayonnages, c’est lui qui m’appelle plus que tout. Mais, encore une fois, je lui oppose une farouche existence parce que j’ai peur de rien comprendre vu qu’il est en anglais et que je suis pas anglophone pour un sou.
Do whatever brings you to life, then. Follow your own fascinations, obsessions, and compulsions. Trust them. Create whatever causes a revolution in your heart.”
Pourtant, le livre persiste et signe alors je commence à lire quelques pages qui me paraissent plutôt faciles. Je pose le bouquin, le reprend et le manège recommence. Je tourne et vire dans le magasin toujours hésitante; et avec cette petite voix dans la tête, qui me dit inlassablement: » Prends-le ». Finalement, non.
Deux jours plus tard, me voilà à Roissy Charles de Gaulle pour rentrer à la Réunion. Et là, dans la librairie du hall d’embarquement devinez sur qui je tombe: Big Magic mais cette fois-ci en édition Poche. J’ai eu le temps d’y penser durant le vol Los Angeles-Paris; du voyage que je venais de faire. De ce que j’avais vu, vécu et ressentie seule et avec le groupe. De ces choses qui m’avaient révoltées, émues ou encore éblouies. Une Amérique qui m’avait inspirée; et qui en même temps, m’avait permise de voir la chance que j’avais dans mon pays et sur mon île.
Il y avait aussi surtout et ce bien avant le départ, ce besoin de trouver ma place et ma voie. De réaliser aussi quelques uns de mes rêves car je ressentais une certaine urgence. Certains étaient de faire un voyage aux États-Unis d’autres plus modestes mais aussi compliqués comme lire un roman en version originale. Arrêter de croire également que je n’en étais pas capable était en haut de ma liste des choses à faire; et pas que pour la lecture si vous voyez ce que je veux dire.
“You can measure your worth by your dedication to your path, not by your successes or failures.”
C’est donc à Paris et alors que je n’avais même pas encore lu Big Magic que la magie a opéré sur moi. Ce n’était pas qu’une question de livre ou juste un symbole. J’avais l’impression qu’au delà de ce livre, c’est moi qui avait changé. J’en avais vu des couleurs durant ce voyage au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs pourtant je ne me suis pas démontée pour autant. Quelque chose s’est passé en moi; j’ai brisé un cercle vicieux. Ce livre, ce voyage s’inscrivait dans ma démarche que j’avais entrepris depuis deux ans et demi avec le yoga. C’était dans la continuité, la logique des choses.
Depuis, j’ai beaucoup pensé à ce que mon prof de yoga disait à une élève qui regrettait de ne pas avoir connu le yoga plus tôt. Ce à quoi il lui a répondu que toute chose arrive à point. Que les choses arrivent à un certaine moment pour certaines raisons. Je crois aussi qu’il faut être prêt à recevoir ce que le yoga t’apporte; et vouloir vraiment le changement et sans doute te remettre en cause. Je crois qu’il arrive des moments où tout simplement on ne peut plus ignorer ni se mentir. Combien de fois par exemple ai-je eu envie de faire du yoga sans jamais me lancer pourtant?
C’était important de vous expliquer tout ça parce que je pense qu’avec les livres c’est comme avec les gens. Il y a pas d’hasard juste des rendez-vous manqués; il y a toujours une leçon à apprendre. C’est la loi de l’attraction en somme; on attire vers soi ce dont on a le plus besoin.
“Do you have the courage to bring forth the treasures that are hidden within you?
Je l’ai donc lu et fini ce livre sans jamais avoir eu besoin d’un dictionnaire; et pourtant, j’en ai compris l’essence. Dès le début, j’ai été interpellé et comment ne pas l’être puisque ça parlait de peur et donc, de courage. De ces deux voix qui luttent en nous perpétuellement. Pendant longtemps, j’aurai répondu que c’était la première gagnante. Plus maintenant. Avec le temps, l’expérience et beaucoup de yoga, j’apprends à passer outre la peur. J’avoue que je suis assez tentée par l’idée de faire comme Elizabeth Gilbert c’est-à-dire adresser une lettre à la peur pour lui dire ce que je ressens.
L’auteure range la peur au même titre que le courage. Des choses naturelles et nécessaires; tout est une question d’équilibre. Le yin et le yang peut-être. Surtout, il est essentiel de faire preuve autour de soi et surtout à soi, de bienveillance et de confiance. A un moment, elle dit qu’elle est née terrifiée; et tout un coup, j’ai eu l’impression qu’elle parlait de moi. C’est étrange comment certains esprits se rencontrent. Après d’où vient le déclic, je dirai des erreurs, des balbutiements, de la vie tout simplement.
Peu à peu, Big Magic s’intéresse au processus créatif. Moi, j’y ai vu de l’écriture parce que ça me parle; et qu’elle-même est écrivain. Là encore je me suis beaucoup reconnue dans ses propos. Cette voix qui surgit de loin et qui te pousse à prendre ton stylo. Cette inspiration qui te vient de je-ne-sais-où mais qui est plus forte que tout. De tes angoisses, de ta peur de l’échec.
your life is short and rare and amazing and miraculous, and you want to do really interesting things and make really interesting things while you’re still here.”
Bien sûr, on peut faire le choix délibéré de ne pas l’entendre. Parce que l’exercice est périlleux, inégal. Parce que s’il est irréel et fantastique, cela nécessite aussi que ce dernier soit apprivoisé, travaillé. Il n’y a aucune certitude; il peut même parfois se montrer ingrat. Ne pas être à la hauteur de ce qu’on voulait pour lui. La création c’est peut-être une bête sauvage jamais vraiment domptable par l’Homme.
Mais indéniablement, je ne connais pas mieux. Elle donne et met du sens dans ce qu’on fait; il arrive même que c’est pour elle que nous nous battons et vivons. C’est une prolongation de soi mélangé à quelque chose de divin. De la foi, des choses qui nous dépassent. Qui nous révèle et révèle le monde dans lequel nous évoluons chaque jour.
C’est difficile de définir ni même de catégoriser Big Magic tant il renvoie au vécu de chacun. Tant à son identité qu’à ses expériences professionnelles comme personnelles. Il n’empêche que chaque lecteur y trouvera ce qu’il était venu chercher. Une confirmation, des réponses, un guide.