Le Fondateur (2016) de John Lee Hancock

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Encore un scénario présent sur la BlackList 2014 (un top établissant les meilleurs en attente de financement) sur la saga MacDonald, célèbre Fast Food qui a révolutionné la restauration où comment Ray Kroc s'est posé en fondateur de la firme en lieu et place des frères MacDonald. Des destins hors normes comme en rafolent les américains. Le rêve américain dans toute sa splendeur. Ce scénario est signé Robert D. Siegel, capable depasser de "The Wrestler" (2008) de Darren Aronofsky à "Turbo" le film d'animation siglé DreamWorks. Ce projet devait auparavant être destiné aux frères Coen avant qu'ils ne se désistent pour tourner "Ave Cesar" (2016) et, autant le dire de suite, le film a clairement perdu au change ! En effet un tel projet aurait gagné en densité et en profondeur avec un réalisateur plus stylé qu'un honnête faiseur. Le projet échoit au réalisateur John Lee Hancock qui semble apprécier particulièrement les Histoires vraies dans le genre success story après "The Blind Side" (2009) et "Dans l'ombre de Mary" (2013).

On se doute que le film a été particulièrement bien documenté avec notamment l'apport en témoignage et document du petit-fils de Dick MacDonald. Mais étonnament si le film rend "justice" aux frères Dick et Mac MacDonald en montrant l'ambition aux dents longues de Ray Kroc à l'instar d'un Zuckerberg dans "The Social Network" (2010) de David Fincher, le film reste essentiellement basé sur la success story de Ray Kroc. En effet Ray Kroc est dans le fond un beau salopard capitaliste prêt à tout pour réussir mais Hancock fait en sorte qu'on ait de l'empathie pour lui. Ray Kroc prêt à tout contre deux frères honnêtes et travailleurs, Ray Kroc qui vole la femme d'un autre en jetant la sienne... Ray Kroc celui a qui tout va réussir, jusqu'au point où un film va le porter aux nues grâce à Michael Keaton, en plein retour en grâce et qui offre ici une performance éblouissante. Les autres protagonistes ne sont que des faire-valoir, l'épouse trop bonne trop conne, le collaborateur qui voit d'emblée qu'il va perdre sa femme mais qui ferme les yeux et même les frères MacDonald passent presque pour des benêts.

Le vrai soucis c'est que le film ne montre jamais l'envers du bonhomme, Ray Kroc contrôle tout et assomme tout sur son passage. Dans la plupart des films même les salauds ont leur faille, au moins une qui les rend humain un temps soit peu. Outre Keaton vraiment impeccable on salue les performances des acteurs John Carroll Lynch et surtout Nick Offerman. On apprécie l'antagonisme entre la femme âgée et usée Laura Dern et la plus jeune et ambitieuse Linda Cardellini. Néanmoins si les acteurs offrent de jolies performances les personnages secondaires manquent de caractères (à tous niveaux) et placent ainsi celui de Ray Kroc dans une situation de monopole qui donne une lecture trop unilatérale de la saga MacDonald. En prime la meilleure blague 2016 puisque, c'est bien connue, le hamburger MacDonald est le meilleur au monde (?! hahaha). Ca reste un bon film, sur un sujet intéressant mais le résultat donne un film qui se regarde, bien fait mais auquel il manque autant de style que de mesure dans son propos. Qu'aurait été le film si cela avait été les Coen aux commandes ?! Note obtenue de justesse...