Un grand merci à l’Atelier d’images pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le chien des Baskerville » de Terence Fisher.
« Tu devrais être fière qu’un Baskerville daigne poser les yeux sur ta misérable figure... »
La plus terrifiante des histoires de Sherlock Holmes ! S’élevant dans les brouillards de Dartmoor, Baskerville Hall se dresse fièrement dans les ténèbres. Son occupant, Charles Baskerville est retrouvé mort dans de mystérieuses circonstances. Sir Charles aurait pu être la victime de la soi-disant « malédiction des Baskerville » selon laquelle une bête mortelle erre dans la campagne environnante. Imperturbable face à cette légende, l’héritier Sir Henry Baskerville décide d’accepter la succession de la famille, sous l’égide du célèbre détective Sherlock Holmes et de son associé le Dr Watson.
« Son corps était intact... Mais son visage... Je n’ai jamais vu une telle expression d’horreur sur le visage d’un mort »
Longtemps consacrée à des productions de séries B fauchées, le mythique studio britannique de la Hammer Film Production connait son heure de gloire à partir du milieu des années 50 jusqu’à la fin des années 60, période durant laquelle elle fait le choix de s’orienter vers l’adaptation à l’écran de tout le patrimoine de la littérature fantastico-horrifique, de Frankenstein à Dracula en passant par le Loup-garou et le Fantôme de l’Opéra. Réalisateur phare du studio (au même titre que son collègue Roy Ward Baker), Terence Fisher signe quelques-uns des plus gros succès populaires de la Hammer de cette époque, notamment le célèbre « Cauchemar de Dracula » en 1958. Surtout, il reste célèbre pour avoir inventé l’association des célèbres comédiens Peter Cushing et Christopher Lee, qui tourneront ensemble par la suite dans près d’une vingtaine de films. En 1959, la Hammer lui confie l’adaptation du « Chien des Baskerville », troisième roman des aventures de Sherlock Holmes, le célèbre détective né de la plume de Sir Arthur Conan Doyle, paru en 1902. Une gageure en soi puisqu’il s’agit là sans doute de l’aventure la plus célèbre de Sherlock Holmes, mais aussi de celle qui fut le plus de fois adaptée au cinéma puis par la suite à la télévision. En outre, cette version de 1959 demeure la première aventure de Sherlock Holmes en couleurs. A noter que le réalisateur Terence Fisher mettra en scène cinq ans plus tard une seconde aventure du célèbre détective avec « Sherlock Holmes et le collier de la mort », libre adaptation du roman « La vallée de la peur », pour lequel il retrouvera l’acteur Christopher Lee.
« Sous aucun prétexte ne vous aventurez seul de nuit sur la lande ! »
« Le chien des Baskerville » c’est avant tout le récit d’une ancienne malédiction derrière laquelle se cache une terrible machination : le descendant illégitime d’une vieille famille de nobliaux de province sur le déclin cherche à en éliminer les derniers descendants pour faire main basse sur l’héritage ainsi que sur les titres de noblesse. A l’évidence, il s’agit là de l’aventure de Sherlock Holmes qui flirte le plus avec le genre du fantastique. Un genre dont la Hammer et son réalisateur fétiche, Terence Fisher, ont fait alors depuis quelques années leur spécialité. Adaptation particulièrement fidèle du roman original, ce « Chien des Baskerville » tire en grande partie son succès de l’atmosphère froide et mystérieuse que parvient à instiller le réalisateur. Une ambiance quasi gothique particulièrement soignée, qui bénéficie des décors austères et lugubres (le château impersonnel, la lande déserte, la mine désaffectée, les ruines brumeuses filmées de nuit...) magnifiés par la chaleur irréelle du Technicolor. Forte de ses nombreux rebondissements, cette histoire de vengeance machiavélique tient d’autant plus le spectateur en haleine que le réalisateur multiplie les scènes visuellement fortes reposant sur une représentation de la violence très stylisée (la brutalité de la tentative de viol collectif et de l’assassinat en ouverture du film, la scène de la tarentule, la scène de mine...). Avec son physique émacié et son regard un peu fou, Peter Cushing campe un Sherlock Holmes particulièrement convaincant, parfaitement épaulé par Andre Morell très complémentaire dans son interprétation du Docteur Watson. Mais c’est véritablement Christopher Lee, dans un rôle à contre emploi de gentleman plutôt bienveillant et de victime, qui vampirise l’écran. Avec son élégance baroque, ce « Chien des Baskarville » est sans doute la meilleure transposition des aventures du détective sur grand écran, avec l’élégiaque « La vie privée de Sherlock Holmes » de Billy Wilder (1970).
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Le blu-ray : le film est présenté en version originale anglaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés. Côté bonus, cette belle édition est accompagnée de plusieurs modules documentaires : « Le Chien des studios Hammer » (30 min.), Interview de Sir Conan Doyle - 1928 (10 min.), « Le Chien des Baskerville » avec Basil Rathbone (extrait). Le film « Silver blaze » (1937 - 71 min.), librement inspiré du roman « Le chien des Baskerville » est également proposé en VOST. Enfin, outre la bande-annonce originale, le blu-ray est accompagné d’un livret de 12 pages.
Edité par l’Atelier d’Images, « Le chien des Baskerville » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 décembre 2016.
Le site Internet de L’Atelier d’images est ici.