High-Rise

High-Rise
1975. Le Dr Robert Laing, en quête d’anonymat, emménage près de Londres dans un nouvel appartement d’une tour à peine achevée; mais il va vite découvrir que ses voisins, obsédés par une étrange rivalité, n’ont pas l’intention de le laisser en paix… Bientôt, il se prend à leur jeu. Et alors qu’il se démène pour faire respecter sa position sociale; ses bonnes manières et sa santé mentale commencent à se détériorer en même temps que l’immeuble : les éclairages et l’ascenseur ne fonctionnent plus mais la fête continue! L’alcool est devenu la première monnaie d’échange et le sexe la panacée. Ce n’est que bien plus tard que le Dr Laing, assis sur son balcon en train de faire rôtir le chien de l’architecte du 40ème étage, se sent enfin chez lui.

High Rise – 6 Avril 2016 – Réalisé par Ben Wheatley
Si l'on vit dans un confort relatif en comparaison de certain pays, on ne peut pas dire que l'on vive dans une société égalitaire. Que vous soyez noir, arabe, musulman, juif, homosexuel, transexuel, femme ou pauvre (désolé si j'en oublie), vous ne serez pas forcément traité de la même façon qu'une personne qui possède tout ce qu'elle souhaite ou simplement qui a du pouvoir. Ce sont des notions relatives, car on ne sait pas vraiment de quoi demain sera fait et les puissants d'un jour peuvent devenir les parias le lendemain. Alors pourquoi ne pas œuvrer pour une société plus juste ? Plus égalitaire ? Parce qu'il est plus facile d'entretenir les clivages que des résoudre les problèmes qui se posent à nous quotidiennement. Cette société capitaliste qui entraîne chaque jour davantage des pays vers un esclavage moderne, pour que les pays dits développés puissent profiter des derniers produits à la mode. Mais là aussi, nous ne sommes pas égaux, tout le monde n'a pas le même accès à l'informatique, aux smartphones, aux derniers ordinateurs à la mode.


Le pire étant c'est qu'on se permet de juger et de cataloguer celui qui ne possède pas ces choses là, un constat que l'écrivain J. G. Ballard avait fait des les années 70. C'est ce qui a donner le livre « High-Rise » ou les habitants de Londres était logés dans des hautes tours, avec tous le confort moderne, mais ou ils étaient classés comme des livres, les pauvres en bas et ainsi de suite jusqu'au plus riches, un environnement ou seul ce que l'on possède nous caractérise …
Dans un immeuble en proie au chaos, on découvre le personnage de Robert Laing qui déambule dans les immenses couloirs de cette tour. Ou les personnages les plus bizarres semblent vivre, un peu comme Laing que l'on voit déguster un morceau de son chien à la broche, avec un contentement qui laisse songeur. Mais que c'est il passé ? Quelques mois plus tôt, le docteur Laing vient tout juste de s'installer dans une tour révolutionnaire ou tout le confort moderne s'y trouve. Piscine, commerce, salle de sport, tout est fait pour satisfaire le locataire. Un environnement confortable ou il peut passer inaperçu et vivre tranquillement. Peu à peu le docteur Laing s'aperçoit que des règles tacites existent dans l'immeuble ou les gens des appartements du bas ne fréquente pas ceux des appartements qui se trouve en haut de la tour, rivalisant même d'ingéniosité et de folie pour montrer ceux qui font le mieux la fête. Une atmosphère électrique qui commence à dérailler peu à peu, favoriser par l'enfermement, l'entre soi qui se crée entre résident et par une toute petite panne de courant …

High-Rise Avant de le voir j'avais à peu près lu tous les types de réactions, de la plus mauvaise à la plus bonne, sauf qu'il y avait plus de réactions catastrophées et que ce n'était pas rassurant. Sauf qu'au final, je les comprends aussi, car ce « High-Rise » est tous sauf un film qui cherche la facilité, il n'hésite pas des le début à prendre le spectateur à rebrousse poil, mais personnellement j'ai vraiment accroché au délire de Ben Wheatley qui se révèle être un réalisateur surprenant, au milieu d'une dystopie fort intéressante et totalement intemporelle.
Avec ce film c'est la troisième fois que l’œuvre de J. G. Ballard est adapté au cinéma, après « Crash » de Cronenberg et « L'empire du soleil » de Spielberg. Ou « Crash » est le début de la trilogie du béton, qui compte aussi « L'ile de béton » et bien sur « High-Rise ». Un roman que le producteur Jeremy Thomas a porter pendant dans près de quarante ans avant de voir Wheatley le concrétiser. Le film est alors écrit par « Amy Jump » qui laisse se dérouler l'action dans le Londres des années 70 et bien sur dans ces immenses buildings révolutionnaire. Le fil narratif est alors très simple, l'enfermement et les différences de classes sociales alimentent des ressentiments qui ne demande qu'à exploser et le personnage de Laing doit tenter d'y survivre, voir de choisir son camp. Mais si on s’arrête simplement à ça, c'est passer à coté de tout le potentiel que le film avait à offrir.
Première chose, le personnage de Laing, ce médecin est un peu l'avatar qui symbolise le spectateur que nous sommes et de facto la personne que l'on est ! Le réalisateur nous place alors au cœur du récit, on évolue ainsi des deux cotés, dans les hautes sphères près de « l'architecte » ou encore près de ceux considérer comme les classes « populaires », en cherchant constamment la place qui est là notre. Mais là ou pour moi c'est intéressant, c'est de voir cette haute tour de béton devenir un microcosme à lui seul, un être vivant qui pense et qui se défend contre toute forme d’agression (intérieure comme extérieure). Un personnage à part entière qui est le vrai nerf de la guerre, qui synthétise tout les problèmes sociétaux des années 70, mais aussi ceux de nos jours et Wheatley nous en montre toutes les dérives, dont la plus basique, ceux qui ont tous face à ceux qui n'ont rien. Mais le réalisateur laisse une porte de sortie, c'est le chaos, des gens sont partis, d'autres sont morts, mais la tour ne s'est pas effondré et une fois la tension retombée, une nouvelle société commence à émerger, une société ou les femmes semble être l'avenir et ou notre personnage Laing à enfin trouver sa place, ou l'humain prouve sa capacité à se relever une fois de plus …

High-Rise
Tandis que d'un point de vue purement formel, le film de Ben Wheatley est vraiment pas mal du tout ! Le film baigne pendant deux heures dans une esthétique rétro-futuriste qui nous envoie tout droit dans des années soixante-dix vraiment particulière. Une période faste en couleurs et autres fantaisies qui vont à merveille avec la froideur et les lignes épurées du bâtiment, un équilibre de funambule que l'on doit au travail de Mark Tildesley à la production design, à Nigel Pollock et Frank Walsh à la direction artistique et à Paki Smith pour les décors. Un décor qui permet au réalisateur pas mal d'excentricité, de jeu de miroir, de symétrie et tout cela avec énormément de fluidité, pour des scènes de transes ou encore de liesses générales électrisantes ou toutes la bestialités des habitants éclatent ! L'ensemble éclairé magnifiquement bien par la chef op Laurie Rose qui amène de la chaleur à l'écran et qui contraste avec l'aspect massif du bâtiment, une façon adéquate de compléter la réalisation de Wheatley et la bande originale de Clint Mansell. 

Quant au casting il tient en deux mots pour moi « Tom Hiddleston » !!! Cet acteur britannique joue le gentleman de service, discret, posé, à la voix douce et qui reste de marbre quoi qu'il arrive et c'est en jouant sur ça qu'Hiddleston est épatant, car peu à peu il change et cette voix si avenante se met au diapason de son entourage. Une vrai métamorphose au service du film. Mais on trouve aussi Luke Evans en incontrôlable agitateur, Jeremy Irons dans le rôle d'un architecte dépassé et un trio d'actrices impeccable entre Sienna Miller, Elisabeth Moss et Sienna Guillory


Délirant, imprévisible et chaotique peinture du société malade !

High-Rise

HIGH-RISE par Chris Thornley