Tout un poème
Plus qu’un film, le dernier Jim Jarmush est une ode à la poésie. Sur une semaine, du lundi au lundi, il nous propose de suivre Paterson, Laura et leur chien Marvin dans un quotidien bien réglé. Chaque nouvelle journée démarre en contre plongée sur les deux amoureux endormis, un plan qu’affectionne Jarmush. Le cadrage est identique sur le petit matin et à d’autres moments de leurs journées, mais les possibilités sont infinies. Les plans fixes très composés, succession de vignettes impressionnistes, laissent le temps à l’action de s’installer et de faire de rituels des bonheurs simples. Paterson est chauffeur de bus à Paterson et accessoirement (à moins que ce soit l’inverse !) écrit de petits poèmes dont seule l’oreille de sa femme profite… A son désespoir tellement elle le trouve talentueux, à juste titre. Il est le ying, elle est le yang. A lui l’emploi au contact du public, la pudeur autour de son art, il est introverti ; à elle l’extravertie, une vie de femme d’intérieur passionnée et à l’affut d’expériences artistiques variées. Leur vie de couple ronronne agréablement sur un rythme lancinant et envoutant. Ils pourraient faire démodés (pas de réseaux sociaux, pas de smartphones), mais ils sont les représentants romantiques d’un art de vivre. Jarmush donne à voir ce que peut être une vie simple et réussie sans déballer tout un catalogue de conseils. Il se contente de magnifier les petites choses du quotidien d’un couple. De fait, il ne se passe pas grand-chose ce qui peut désarçonner ; mais derrière ce « pas grand-chose » se dégage l’essentiel. L’infiniment grand se cache parfois dans les détails et c’est ce que nous laisse percevoir la succession de ces 7 jours ressemblant fortement à un seul jour sans fin. Leur vie de couple est un véritable poème. J’ai lu çà : « une poésie de petits riens » dans une ambiance bluesy. Et pour faire encore plus fable voire conte de fées ; Jarmush décide de situer à Paterson Ohio, l’histoire de Paterson. Mais Paterson le discret poète est Paterson la ville ; un mimétisme incroyable entre cet homme et son lieu de vie. Il est la personnification de Paterson. Chauffeur de bus comme il se qualifie (pourquoi se qualifier par son emploi ??? Quelle idiotie humaine répandue !!!), il nous conduit dans sa ville qu’il nous apprend à aimer dans sa banalité. Jarmush est un cinéaste hors pair pour filmer les milieux urbains.
Donc : ne passer pas devant un film hyper poétique (même moi j’avais envie d’écrire des haikus en sortant de la salle !!!) sur un petit sujet… Une ode au bonheur ordinaire.Sorti en 2016Ma note: 17/20
Plus qu’un film, le dernier Jim Jarmush est une ode à la poésie. Sur une semaine, du lundi au lundi, il nous propose de suivre Paterson, Laura et leur chien Marvin dans un quotidien bien réglé. Chaque nouvelle journée démarre en contre plongée sur les deux amoureux endormis, un plan qu’affectionne Jarmush. Le cadrage est identique sur le petit matin et à d’autres moments de leurs journées, mais les possibilités sont infinies. Les plans fixes très composés, succession de vignettes impressionnistes, laissent le temps à l’action de s’installer et de faire de rituels des bonheurs simples. Paterson est chauffeur de bus à Paterson et accessoirement (à moins que ce soit l’inverse !) écrit de petits poèmes dont seule l’oreille de sa femme profite… A son désespoir tellement elle le trouve talentueux, à juste titre. Il est le ying, elle est le yang. A lui l’emploi au contact du public, la pudeur autour de son art, il est introverti ; à elle l’extravertie, une vie de femme d’intérieur passionnée et à l’affut d’expériences artistiques variées. Leur vie de couple ronronne agréablement sur un rythme lancinant et envoutant. Ils pourraient faire démodés (pas de réseaux sociaux, pas de smartphones), mais ils sont les représentants romantiques d’un art de vivre. Jarmush donne à voir ce que peut être une vie simple et réussie sans déballer tout un catalogue de conseils. Il se contente de magnifier les petites choses du quotidien d’un couple. De fait, il ne se passe pas grand-chose ce qui peut désarçonner ; mais derrière ce « pas grand-chose » se dégage l’essentiel. L’infiniment grand se cache parfois dans les détails et c’est ce que nous laisse percevoir la succession de ces 7 jours ressemblant fortement à un seul jour sans fin. Leur vie de couple est un véritable poème. J’ai lu çà : « une poésie de petits riens » dans une ambiance bluesy. Et pour faire encore plus fable voire conte de fées ; Jarmush décide de situer à Paterson Ohio, l’histoire de Paterson. Mais Paterson le discret poète est Paterson la ville ; un mimétisme incroyable entre cet homme et son lieu de vie. Il est la personnification de Paterson. Chauffeur de bus comme il se qualifie (pourquoi se qualifier par son emploi ??? Quelle idiotie humaine répandue !!!), il nous conduit dans sa ville qu’il nous apprend à aimer dans sa banalité. Jarmush est un cinéaste hors pair pour filmer les milieux urbains.
Donc : ne passer pas devant un film hyper poétique (même moi j’avais envie d’écrire des haikus en sortant de la salle !!!) sur un petit sujet… Une ode au bonheur ordinaire.Sorti en 2016Ma note: 17/20