Nocturnal animals – 15/20

Par Taibbo

De Tom Ford
Avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon

Chronique : Un film de Tom Ford est souvent plus qu’une simple histoire. C’est aussi un geste artistique, la recherche du beau, ou du moins la volonté de créer une œuvre formellement singulière. Nocturnal Animals, comme A single man auparavant, est indéniablement marqué par cet élan.
Le réalisateur nous accueille d’ailleurs dans son univers par un générique surprenant, superbe dans sa non-conformité, et annonciateur de la mise en scène ultra-sophistiquée qui parcoure le film. Son Nocturnal Animals est beau, audacieux, parfois déroutant.
Le style flamboyant dont il fait preuve iconise son couple star, les magnifiques et hypnotiques Jack Gyllenhaal et Amy Adams. Ils évoluent au grès de plans somptueux que ce soit dans le luxe et l’apparat de Los Angeles ou l’aridité et la violence des déserts du Texas.
Mais si cette mise en scène est chiadée, elle n’est pas ostentatoire pour autant et surtout pas vaine. Elle sert parfaitement un scénario solide, habile et intense qui fait des allers-retours entre réalité et fiction, passé et présent. Cela pourrait être confus et illisible, mais cela fonctionne assez miraculeusement. Fluide et malin dans la narration de ce récit à tiroirs, Nocturnal Animals convainc par l’intensité du pan romancé et son écho dans la vie sentimentale en berne de Susan.
Chaque partie est intéressante pour elle-même mais fait pourtant écho aux autres avec une sorte d’évidence. Ce découpage précis et élégant permet de dépasser l’apparente froideur qui plane sur le film pour nous y plonger totalement.
Nocturnal Animals est ainsi l’éclatante confirmation d’un cinéaste de l’esthétisme, certes, mais également doué pour raconter des histoires. Et doué pour les raconter joliment.

Synopsis : Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton. Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield dont elle est sans nouvelles depuis des années. Une note l’accompagne, enjoignant la jeune femme à le lire puis à le contacter lors de son passage en ville. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’oeuvre qui lui est dédicacée.
Dans ce récit aussi violent que bouleversant, Edwards se met en scène dans le rôle de Tony Hastings, un père de famille aux prises avec un gang de voleurs de voiture ultraviolents, mené par l’imprévisible Ray Marcus.
Après lui avoir fait quitter la route, le gang l’abandonne impuissant sur le bas-côté, prenant sa famille en otage. Ce n’est qu’à l’aube qu’il parvient au commissariat le plus proche, où il est pris en charge par le taciturne officier Bobby Andes . Un lien fort va se créer entre les deux hommes, et lier leurs destins dans la poursuite des suspects, coupables d’avoir donné vie au pire des cauchemars de Tony.