Il y a presque vingt ans, Spike Lee démarrait son pamphlet caniculaire " Do The Right Thing " par un générique symbolique : Sur le son renversant de Public Enemy, une afro-américaine " combattait le pouvoir " à grand coup de mouvements chorégraphiques. Aujourd'hui, cette danseuse pourrait se réincarner en Toni, jeune fille luttant entre sa force et sa chorégraphie gravitant autour d'un mal mystérieux.
" The Fits" , premier film d' Anna Rose Holmer, fait office de premier OFNI de l'année tant on sait jamais où est-ce qu'où ça va nous mener. Traversant la chronique de vie adolescente au thriller fantastique, notre jeune protagoniste semble parcourir les genres cinématographiques afin d'apprendre à grandir et vivre avec ses propres forces et passions.
De courte durée, Holmer sait raconter en image ce passage à l'adolescence en un tour de force, parfois forcé, mais qui nous emporte très rapidement. Le film saisit la volonté de cette héroïne à concilier danse et boxe, gravitant autour d'un mal-être étrange dans une école de danse qui n'est pas sans rappeler Jessica Harper déambulant dans le sinistre lieu d'apprentissage de " " .
Du point de vue de l'héroïne tout le long, le film traverse une période de flou éternelle nous laissant dans un état tout aussi troublé que cette jeune danseuse. Un flou qui aurait vite pu être offensif au film avant de se conclure, au bout d'1h, sur une séquence de danse renversante, laissant place aux pouvoirs de l'images et du corps pour nous éclaircir les idées.
" The Fits " étonne et déroute mais impressionne surtout pour son habilité à libre court à l'image et au minimalisme pour raconter une fable chorégraphique sur l'affirmation de soi.
Victor Van De Kadsye