La Mécanique de l'Ombre (2017) de Thomas Kruithof

Premier long métrage pour Thomas Kruithof après son court-métrage "Rétention" (2012), un premier film qui ne manque pas d'idées voir d'ambition. Non pas que le sujet soit innovant mais le traitement choisi par le cinéaste en fait un film inspiré et judicieux. Co-scénariste de son film il a aussi travaillé avec Yoann Gozlan réalisateur des films "Captifs" (2010) et "Un Homme idéal" (2015). Les deux auteurs se sont inspirés de plusieurs affaires politico-financières sur fond d'espionnage. On peut citer les différentes crises des otages et les carnets de Takieddine sur l'affaire Sarkozy-Khadafi. Mais cette fois par espionnage il ne s'agit nullement de James Bond ou de guerre secrète internationale mais de guerres intestines politiciennes au sein d'un état à savoir, la France.

La Mécanique de l'Ombre (2017) de Thomas Kruithof

Bien qu'on soit en France l'autre bonne idée et d'avoir choisi des décors neutres (signés Thierry François qui avait déjà travaillé chez les espions de "Les Patriotes" en 1994 de Eric Rochant), outre le fait qu'il devient flou de deviner l'époque (actuelle ou dans un futur proche ?!) c'est aussi un bon moyen d'accentuer le côté déshumanisant de la société. Au casting on a un quator inédit d'acteurs fantastiques. Denis Podalydès en homme de l'ombre implacable, Simon Abkarian en barbouze, Sami Bouajila et officier de la DGSI et François Cluzet en citoyen ordinaire se retrouvant dans une situation extraodinaire. Pour l'anecdote ce dernier prépara son rôle en s'imprégnant du livre "Le Pigeon" (1987) de Patrick Süskind qui raconte une journée d'un guichetier sans histoire qui voit un matin un pigeon s'introduire chez lui et qui, petit à petit, va le confronter à sa solitude...

La Mécanique de l'Ombre (2017) de Thomas Kruithof

Peu de personnages, peu de lieux, décors minimalistes, dialogues succincts mais jamais vains le réalisateur Thomas Kruithof a choisi avec brio d'aller droit au but, sans esbrouffe mais sans pour autant se précipiter. L'intrigue s'inspire de faits réels ou qu'on devine sans soucis comme pouvant être vrais et c'est assez glaçant comme perspective. De la manipulation au chantage en passant par les coulisses d'une politique souterraine qu'on ose à peine imaginer le film dessine petit à petit un jeu du chat et de la souris aussi fascinant que scandaleux. Dans un rythme assez lent, voir lancinant mais jamais ennuyeux (ça évolue toujours) on est happer par un scénario méticuleux et prenant. On regrettera peut-être un dénouement final un peu facile, voir trop classique. Pourtant Thomas Kruithof signe un premier long métrage perspicace et plein de maturité. Une bonne surprise.

Note :

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