La solitude du coureur de fond

La solitude du coureur de fondUn traité sur "les convictions non négociables"
Film précurseur du « Free Cinema », l’équivalent de notre « Nouvelle Vague » ; ce film est novateur techniquement (caméra porté), narrativement (construction à base de flash-back fluides se mêlant avec le présent) et thématiquement (film proche des réalités sociales). Pour toutes ces raisons, il ouvrira la voix à Loach, Frears et bien d’autres.Tony Richardson, au travers du parcours d’un jeune délinquant placé en centre de redressement, dresse un portrait peu élogieux de la société anglaise minée par la pauvreté et la désespérance. Le jeune homme, c’est Colin Smith. Ce dernier est détecté par le directeur de la prison comme un « haut potentiel »… en course de fond. Il en fait son poulain et espère, grâce à lui, battre les meilleurs éléments d’un établissement privé rival. Pour cela, il lui accorde de longues séances d’entrainements en solo dans la campagne environnante. Pour lui, c’est l’occasion de prendre du recul avec son passé de rebelle (utilisation des flashbacks) et de se construire inconsciemment une voie intermédiaire entre se révolter ou se soumettre. Habitué à être toujours dans le groupe (famille, amis, camarades de zonzon), la solitude lui permet de faire un choix : refuser les valeurs d’une société conservatrice castratrice quel qu’en soit le prix. Avare en mots, Richardson choisi l’image pour nous expliquer tout cela ; c’est du cinéma quoi !!! Et c’est la scène finale en quatre plans qui révèle le plein potentiel du film et cette troisième voie non conformiste choisi par cet antihéros. Il aurait été tellement plus simple voire bêtifiant de terminer le film sur la rédemption et les valeurs d’intégration du sport. Foutaise ! Ce final est un camouflet asséné par un jeune sans grade pour tous les ambitieux prêts à s’assoir sur leurs convictions pour arriver à leurs fins ou s’acheter un peu de pouvoir.
Toujours d’actualité, peu diffusé… Profitez de la moindre occasion pour le visualiser
Sorti en 1962Ma note: 16/20