Critique d’ Harmonium

Harmonium de Koji Fujada, Japon, 2016 , 1h58

Une petite famille japonaise, à priori banale, mène une vie paisible et bien rôdée en banlieue. Toshio, qui travaille dans sa propre entreprise d’aciérie, est incapable de communiquer, mais le couple qu’il forme avec sa femme, Akié, semble ne pas en souffrir grâce à la bonne humeur de leur petite fille. Quand un ancien ami, Yasaka, lui rend visite et lui demande du travail, Toshio n’hésite pas une seconde et lui propose également le logement. La présence de Yasaka, qui sort tout juste de prison, va changer les rapports entre les personnages, pour le meilleur et pour le pire.

Le film aborde douloureusement la culture du non-dit, du silence et du tabou. Il montre subtilement, avec beaucoup de psychologie, des personnages en proie à leurs pulsions les plus obscures. Chacun d’eux est travaillé par le silence, voulu ou subi, qui cache tant bien que mal leur part d’ombre prête à ressurgir à tout moment. En effet, brusquement le film opère une rupture et nous fait entrer dans une seconde partie plus sombre qui va éclairer la première sous un nouvel angle. L’intrigue commence véritablement ici et avec elle la recherche de vérité.

Critique d’ Harmonium

La réalisation crée une tension de plus en plus forte, le malaise s’installe et le montage joue habilement de cette sensation : le moindre changement de bruit, le moindre plan un peu long sur un face à face nous fait redouter le pire, à tort ou à raison.

La mise en scène tire parfois sur le fantastique et offre de purs moments de grâce dans un ensemble très maitrisé, presque naturaliste. Le réalisateur joue avec les symboles et les couleurs pour semer des indices mais aussi pour mieux nous montrer que les apparences sont, parfois, trompeuses.

Ce deuxième film de Koji Fujada est une œuvre surprenante, puissante et très dérangeante qui ne peut laisser indifférent.

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