Adapté du roman éponyme (1973) de Joseph Joffo (et de Claude Klotz, Joffo étant un piètre écrivain le recours à des nègres littéraires est de notoriété public) et 40 ans après le premier film signé Jacques Doillon en 1975 voici donc une nouvelle version cinéma (et non pas un remake) mis en scène par Christian Duguay qui semble depuis quelques temps attiré par des destins remplis de bons sentiments après "Jappeloup" (2012) et "Belle et Sébastien : l'aventure continue" (2015). Bonne idée en tous cas, après presque deux générations les jeunes d'aujourd'hui ont la chance de pouvoir faire connaissance avec une oeuvre majeure (20 millions de bouquins vendus dans plus de 20 pays et plus de 1 millions d'entrées France pour le film de Doillon). "Un sac de billes" où comment de jeunes enfants juifs tentent de survivre dans la France occupée des années 1940-1945, un sous-genre en soi, on se rappelle entre autres films récents comme "Au revoir les enfants" (1987) de Louis Malle et "Survivre avec les Loups" (2008) de Vera Belmont. Pour ce film Christian Duguay (également co-scénariste) a eu l'entière bénédiction et l'aide de Joseph Joffo lui-même pour les soins du scénario. Néanmoins il est bon de rappeler qu'à l'origine le livre est lui-même semés d'incohérences notamment chronologiques (à voir ICI !), qu'il faut aussi se rappeler que Joseph Joffo à raconter son aventure 30 ans après les faits. La grande partie des erreurs seraient due au fait que l'auteur a confondu son arrivée à Menton avec son arrivée à Nice...
Cependant le film semble avoir réparé ces détails par omission plus ou moins volontaires. Des détailsl, l'important est de se replonger dans la France telle qu'elle était entre 1942 et 1944 même si, de l'autre côté, :e scénario omets des scènes qui auraient pu avoir leur importance subliminale comme le moment où les frères Joffo vont voir au ciné à Marseille "Les aventures fantastiques du baron de Münchausen" (1943) un film allemand de Josef Von Baky. En effet car le point faible du scénario est de trop se reposer sur des clichés mélodramatiques d'où des scènes rallongées dès qu'il s'agit des adieux et des moments émotions familiales. D'ailleurs Christian Duguay précise que dans le livre le lien entre Joseph et son père n'est qu'évoqué et qu'il a voulu en faire la colonne vertébrale dans le film. A contrario le cinéaste racourcit tous les passages plus "universels" et pourtant tout aussi nécessaires comme les arrières-plans. Néanmoins on apprécie les passages qui montrent la bêtise du système nazie; au risque d'être perçus comme un peu caricaturaux, ces passages où les nazies enquêtent à outrance sur la situation juive ou non des deux enfants, où la position un peu club Med des italiens sur la Côte d'Azur sont assez savoureuses et (sans oublier que c'est au point de vue d'un enfant) démontrent toute l'absurdité de la guerre d'occupation et de déportation. Et pourtant le réalisateur fait montre effectivement de trop de facilités parfois comme quand il veut montrer la joie.
Pour l'émotion des scènes étirées pour accentuer le mélo (avec abus du gros plans "retenons notre souffle !"), système aussi basique pour la joie comme des plumes d'oreillers qui volent (j'en ai fait des batailles étant jeunes ça ne m'est jamais arrivé !). Le pire étant l'incroyable insistance symbolique tout le long du film qui débute avec Joseph qui s'arrête quelques secondes devant notre Liberté Egalité Fraternité (c'est vrai que ça arrive !). Bref, c'est du Christian Duguay, ça ne fait pas dans la mesure et l'originalité. Scolaire et académique comme à son habitude, sauf que cette fois on peut peut-être lui pardonner, il suffit de se dire que le livre raconte une aventure de deux enfants, une version avec des souvenirs vieux de près de 30 ans et donc quitte à être ludique autant jouer la carte ainsi, aventures des juifs Joseph et Maurice à travers les affres de la France occupée. En prime un joli casting, les parents joués avec émotion par le couple Patrick Bruel et Elsa Zylbertsein, des guests stars Kev Adams et Christian Clavier, un rôle à contre-courant pour le collabo Bernard Campan et son fils Emile Berling qui grandit depuis "Les Hauts Murs" (2008) de Christian Faure. Et surtout la belle osmose des enfants Dorian Le Clech et Batyste Fleurial qui jouent parfaitement nos deux héros et qui arrivent à nous montrer Joseph et Maurice qui grandissent et mûrissent au fil du récit. Un beau et bon film, malgré ses facilités (habituelles avec Duguay) ce film reste un bon moment. Note un peu indulgente.
Note :