3ème long métrage de fiction pour l'acteur-réalisateur Lucien Jean-Baptiste après le très bon "La Première étoile" (2009), "30° couleur" (2011) et "Dieu merci" (2016). Toujours sur un fond de tolérance raciale et culturelle le cinéaste s'attaque cette fois encore aux mêmes thématiques via les critères d'adoption. Mais comme le dit lui même Jean-Baptiste c'est "plus un film sur le vivre ensemble qu'un film sur l'adoption"... Egalement scénariste de son film il use des clichés habituels pour mieux les dénoncer sans (et c'est sa grande réussite) être pour autant moralisateur. Donc nous suivons le long chemin vers l'adoption du couple Paul (black martiniquais) et Sali (black française d'origine sénégalaise) qui ont accepté d'adopter un petit blanc blond aux yeux bleus, le soucis étant que tous ne l'acceptent pas aussi facilement.
Le couple est interprété par Lucien Jean-Baptiste et la pimpante Aïssa Maïga. L'assistante de l'ASE (la Ddass) est interprété par une Zabou Breitman glaçon pète-sec. Dans les seconds rôles on a la famille sénégalaise et les amis dont un Vincent Elbaz excellentissime qui volerait presque la vedette aux autres et à l'intrigue par la même occasion. D'abord la grande intelligence du réalisateur-scénariste est d'avoir fermé toutes les portes possibles en écrivant des personnages pétillants et intéressants tout en mêlant clichés et nouveautés. Par exemple le couple adoptant est lui-même un couple "mixte" (français antillais + franco-sénégalaise), les grands-parents sénégalais sont racistes (anti-congolais ! Surtout le père engoncé dans ses traditions), les agents de l'ASE sont extrêmement investis, aiment les gens et les enfants, il n'y a aucun réel méchants... etc...
Bref Lucien Jean-Baptiste signe le feel-good movie quasi parfait où, en quelque sorte, l'anti-thèse d'une film de Etienne Chatiliez. Une comédie marrante, sympa, intelligente et au comique inoffensive plutôt que l'humour corrosif et poil à gratter de Chatiliez. En soi on aime les deux styles, les deux étant nécessaires chacuns à leur tour. Mais Jean-Baptiste aurait gagné à jouer la comédie plus assumée jusqu'au bout, il est (une fois de plus dans le ciné français depuis quelques années !) dommage que la partie émotion (trop longue et trop tragique) soit devenue un passage obligée pour les comédies. Surtout que le cinéaste en profite pour ajouter une partie burlesque en fin de film, pourquoi alors ne pas assumer une vraie comédie drôle de bout en bout ?! Cependant Lucien Jean-Baptiste offre là une gourmandise sucrée, son meilleur film avec "La Première étoile", un film qui fait du bien et c'est déjà beaucoup.