Le nouveau film de Damien Chazelle a fait monter la pression depuis sa présentation à Venise et Toronto. Grand vainqueur des Golden Globes et évidemment favori pour les Oscars, La La Land va maintenant enfin devoir faire preuves en salles. Mais face à ces retours dithyrambiques, ne sera-t-on pas déçu ? Bonne nouvelle, rien cette année devrait nous faire autant chavirer que cette love story musicale magique. Un classique instantané !
Après une claque aussi cathartique que Whiplash, on se demandait bien ce que le jeune Damien Chazelle pourrait nous réserver pour son second film. Et pourtant, le projet de La La Land, il l’avait en tête déjà bien avant réaliser son film coup de poing. Le voici donc maintenant devenu réalité et on peut voir qu’il nous fait découvrir une autre facette du réalisateur mais avec une évolution toute naturelle et des thèmes qui tournent en boucle dans sa tête avec un peu plus de magie.
Soyons clairs, La La Land est en grande partie un film musical et une magnifique love story entre un joueur de jazz et une actrice en devenir qui rêvent tous deux de succès. Une rencontre, une histoire d’amour naissance et des ambitions qui viennent chambouler les sentiments. Tout est là, de la rencontre au rapprochement jusqu’aux disputes et réconciliations … et nous n’en dirons pas plus sur l’intrigue car le film réserve tout de même quelques surprises dans son déroulement assez inattendu.
Avec sa façade colorée et son jazz sucré, le film est en apparence bien moins sombre et violent que Whiplash. Mais il ne faut pas forcément s’y fier. Derrière les mélodies entêtantes il n’y a pas que l’amour qui est évoqué mais aussi l’usine à rêve d’Hollywood qui peut justement broyer l’amour, la difficulté de la création, la mort du jazz et la standardisation d’Hollywood. Oui, tout n’est pas forcément rose bonbon à Los Angeles et le film montre bien qu’il n’est pas simple d’y faire sa place et encore moins à deux, la création et l’art prenant toujours la place des sentiments.
Mais en plus de ces thèmes évoqués de manières douce-amère, La La Land est aussi un hommage aux grand classiques des comédies musicale et du cinéma romantique de la grande époque. Impossible de ne pas penser à Chantons sous la pluie ou Jacques Demy par exemple. Mais Damien Chazelle, en plus de ses thèmes, y apporte aussi une nouvelle modernité. De l’ouverture enlevée en plan séquence à la séquence du planétarium jusqu’au grand final, la réalisation et le montage sont un audacieux mélange entre classicisme au sens noble et modernité, prenant tout à fait exemple sur le jazz qui doit se réinventer à chaque instant pour toujours emmener le film vers de nouvelles opportunités sans oublier son héritage. Il y a là un véritable savoir-faire,une maîtrise de la caméra du genre, un parfait dosage entre les séquences chantées et dansées, les scènes de dialogues classiques ou simplement les montages en musique pour nous emporter.
Et il y a également cet incroyable atout qu’est le casting. Le duo Emma Stone – Ryan Gosling est d’un naturel désarmant. Parfaitement assortis et complices les deux comédiens sont impliqués et l’on ressent tout de suite autant de sympathie pour eux que d’envie de les voir ensemble. Donnant tout ce qu’il faut dans les séquences de danse ou de chant mais aussi par de simples regards qui en disent long, nous tenons là l’un des plus beaux couples de cinéma qu’il nous ai été donné de voir depuis bien longtemps.
On se laisse donc facilement emporter avec autant de nostalgie que d’envie de découverte par La La Land. Damien Chazelle nous offre là l’un des films plus beaux films romantiques depuis au moins dix ans sans jamais chercher la facilité mais au contraire en nous emportant dans un rêve beaucoup moins mignon qu’il n’en a l’air. Et plus que cela, La La Land, c’est du grand et beau cinéma qui ne devrait jamais se terminer.