Un grand merci à France Télévision Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La couleur de la victoire » de Stephen Hopkins.
« Il parait que tu sais courir. Mais sais-tu gagner ? »
Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage. Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…
« Les records, n’importe qui peut les battre. Alors que les médailles, tu les gardes autour du cou pour l’éternité »
Metteur en scène de spectacles vivants en Angleterre et en Australie, Stephen Hopkins délaisse progressivement la scène pour se consacrer à l’image vidéo au milieu des années 80. Repéré pour ses clips et ses publicités, il se voit ouvrir rapidement les portes de Hollywood. En honnête faiseur, il se fait la main sur une série de suites pour des franchises en bout de course (« Les contes de la crypte », « Freddy 5 », « Predator 2 »). Catalogué comme réalisateur de films d’action, il se retrouve à la tête de grosses productions au cours des années suivantes. Mais en dépit du succès de « Blown away », sa carrière se retrouve ralentie par le bide sidéral de « Perdus dans l’espace » (1998). Le réalisateur se tourne alors progressivement vers la télévision et participe à la création de la série « 24 ». Se faisant désormais plus rare sur grand écran, il signe néanmoins le biopic « Moi, Peter Sellers » (2004) et « Les châtiments » (2007). Après près d’une décennie d’absence, il revient à la réalisation avec « La couleur de la victoire », portrait du mythique athlète américain Jesse Owens, légendaire champion des Jeux Olympiques de Berlin en 1936.
« S’il ne va pas à Berlin par protestation personne ne le remarquera. Alors que si il y va, il risque bien de revenir avec des médailles et d’être encore plus détesté »
Le genre du biopic connait un véritable engouement depuis une quinzaine d’années. Il faut dire qu’au-delà de l’intérêt qu’on peut avoir pour la face cachée d’une personnalité, il permet le plus souvent d’aborder la grande Histoire par le biais de la petite. Ces dernières années, nous avons ainsi eu notre lot de films traitant de personnalités historico-politiques (« The Queen », « Harvey Milk », « La dame de fer » ou encore « Che » pour ne citer qu’eux) ou de personnalités issues du monde artistique (« Truman Capote », « Walk the line », « Ray », « La môme »...). Mais plus rarement à des sportifs. Il faut dire que rares sont les sportifs dont les exploits ont eu un retentissement social ou historique important, leur conférant un statut d’icone ou de légende. Vu d’Amérique, on pense immanquablement à Mohammed Ali (dont la vie a déjà fait l’objet d’un portrait signé Michael Mann). Derrière lui, pas grand monde, si ce n’est Jesse Owens, l’homme aux quatre médailles d’or gagnées au Jeux olympiques de Berlin, au nez et à la barbe des nazis qui le considéraient pourtant comme un « sous-homme ». Si à l’évidence, les scènes des épreuves olympiques sont très réussies (à l’image de ce saisissant plan-séquence lorsque le héros entre dans le stade de Berlin électrisé), c’est surtout lorsqu’il s’aventure à mettre en miroir les sociétés allemandes et américaines que le film passionne. Car loin de l’image revendiquée de démocratie parfaite, le cinéaste nous montre un héros en prise avec une société raciste et xénophobe, qui pratique allègrement la ségrégation (dans les bus, dans les facs, dans les douches des clubs sportifs) et qui déteste fondamentalement tout ce qui n’entre pas dans le moule du parfait WASP. A l’image de l’ambigüité cultivée par les autorités américaines, qui se posent - toujours - en parfaits donneurs de leçon mais qui se livrent, dans le secret de l’alcôve, aux pires compromissions morales en acceptant de participer aux JO tout en ayant tout à fait conscience de l’agressivité de la politique raciale allemande et en acceptant in fine de retirer leurs athlètes juifs de la ligne de départ pour ne pas déplaire à leurs hôtes germaniques. Culoté ! Au milieu de ce monde de requins, Jesse Owens, à son petit niveau, gagne le respect et sa liberté grâce à sa puissance et à son talent. Ce qui ne l’empêchera pas de devoir passer par l’entrée de service pour assister à la très chic soirée organisée en son honneur. On regrettera simplement le manque d’aspérité du personnage, qui, hormis quelques doutes moraux, se révèle parfois un peu falot. A noter également la prestation très convaincante de Jason Sudeikis, qui hérite pour la première fois d’un rôle à teneur plus dramatique. Une formidable ode à la fraternité.
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Le DVD : Le film est proposé en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres optionnels français sont également disponibles.
Edité par France Télévisions Distribution, « La couleur de la victoire » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 18 janvier 2017.
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