Un nouvel oscar pour Natalie Portman ? C’est en tout cas possible en endossant le rôle de Jackie juste après l’assassinat de JFK dans le film de Pablo Larrain qui nous offre un étonnant portrait de femme et d’Amérique en deuil.
Initialement prévu avec Darren Aronofsky derrière la caméra et Rachel Weisz dans le tailleur Chanel rose tristement célèbre, le film sur Jackie Kennedy a finalement échoué dans les bras de Pablo Larrain avec Natalie Portman en figure de proue. Un mal pour un bien puisque l’on pouvait bien attendre du réalisateur chilien de No, de me pas verser dans le simple biopic complaisant et glorifiant l’Amérique mais au contraire un film qui s’intéresse avant tout aux failles du mythe.
Et c’est bien le cas. Le réalisateur déconstruit son récit et ne va pas faire dans le biopic classique. Au contraire, il s’intéresse ici aux 3 jours qui ont suivit l’assassinat de JFK et donc de son impact sur la first lady et de l’Amérique. Entre le récit de Jackie à un journaliste et les séquences de flashback en présence ou non de JFK, le film ne choisit pas la simplicité narrative et pourtant tout reste limpide pour nous faire comprendre tous les enjeux de ces 3 jours en enfer pour la femme et la nation.
Ainsi, Jackie a beau s’intéresser à une période courte, il s’agit néanmoins de 3 jours essentiels pendant lesquels tout peu basculer. Ainsi, à la différence d’un my week with Marylin qui était on ne peut plus anecdotique, Jackie est passionnant car il s’intéresse à un grand bouleversement. Il s’agit en effet de 3 jours pendant lesquels Jackie doit non seulement surmonter la mort de son mari mais aussi et surtout de 3 jours qu’elle a pour préparer un enterrement digne de la légende qu’elle veut faire perdurer et donc pendant lesquels elle va devoir trouver une force qui dépasse ce qu’elle s’attendait à devoir accomplir pour s’imposer. 3 jours pendant lesquels elle devra passer de la femme du président qui s’est occupée de refaire la déco de la maison blanche à la veuve qui va devoir redonner un peu de grandeur au pays.
En ce sens, le portrait qu’établit Pablo Larrain n’est évident pas joyeux et Natalie Portman, amaigrie, en plein spleen et parfois odieuse avec le journaliste, ne va pas nous remonter le moral. Mais il nous donne à voir un portrait très intéressant de cette femme. Et à travers elle il regarde aussi d’une certaine manière l’Amérique qui a perdu un homme en qui elle plaçait énormément d’espoirs qui finiront dans un bain de sang. Il y a de belles images et d’autres séquences fortes et choc pour entretenir la légende et faire perdurer le mythe.
Produit à Oscars, Jackie développe néanmoins un caractère qui fait sortir le film du lot avec un angle bien particulier et une héroïne finalement assez antipathique mais au fond très intéressante et remplie de contradictions. Comme le sont les Etats-Unis en somme. Et il est étrange de voir ce film sur la légende de JFK, l’un des présidents les plus marquants et positifs des USA au moment où l’investiture de Trump augure d’instants beaucoup moins chaleureux.