Evaluez votre scenario : l’intrigue (1)

Nous avons vu précédemment (liens vers les articles à la fin de celui-ci) comment nous pouvions nous poser quelques questions pour tenter d’évaluer notre scénario.

Nous avons abordé le protagoniste et l’histoire (comme projet global). Penchons-nous maintenant sur l’intrigue.

L’INTRIGUE
Est-ce que mon protagoniste est au cœur de l’intrigue ?

Il est assez facile de comprendre la fonction du protagoniste dans une histoire. Mais comment en créer un ?

Un protagoniste a certaines exigences. S’il ne les rencontre pas, l’histoire ne tiendra pas.

Héros ou personnage principal ?

On surnomme le protagoniste héros ou personnage principal. La théorie narrative Dramatica considère cependant que ce sont deux archétypes (fonctions ou rôles dans l’histoire) différents. Le protagoniste et le personnage principal sont à considérer séparément.

Le protagoniste par définition est le personnage qui fait avancer l’intrigue. Quant au personnage principal, c’est celui sur lequel l’empathie du public doit se porter.
Nick Carraway dans The Great Gatsby par exemple est en retrait de l’action, ce qui n’en fait pas un protagoniste. Cependant, il est celui qui change substantiellement entre le début et la fin de l’histoire.
Cet arc dramatique permet l’empathie bien que l’avancée de l’intrigue ne repose pas sur ce personnage.

La plupart des histoires, cependant,  ne distinguent pas le protagoniste du personnage principal. Dans ce cas, Dramatica le nomme héros.

Un héros, par ailleurs, n’est pas nécessairement un personnage capable de gestes héroïques. Le protagoniste de Macbeth n’est à l’évidence pas un héros.

Stephen Koch avance la définitions suivante :
Le protagoniste est le personnage dont la destinée importe le plus dans une histoire.

Il est donc au centre de l’histoire. Sa présence dans l’intrigue est ce qui définit cette dernière et lui imprime un mouvement.
Et sa destinée déterminera si une fiction est une tragédie ou une comédie.

Qui est le protagoniste ?

Vous le découvrirez avec certitude au cours du processus d’écriture. Vous pourriez même être convaincu qu’un personnage correspond à cette fonction jusqu’au moment de vous rendre compte que le méchant de votre histoire est en fait le réel protagoniste.

Il n’est pas rédhibitoire de ne pas connaître son protagoniste en commençant à écrire son scénario. Mais au cours de celui-ci, il sera bon de s’interroger sur la destinée de ses personnages :
Quelle est la destinée la plus importante dans cette histoire, la plus importante pour les autres personnages ?
Quelle est la destinée la plus importante pour moi ?

Lorsque vous aurez répondu à ces questions, vous saurez qui est votre protagoniste.

De la profondeur

Pour rendre le protagoniste intéressant, pour ajouter de la rondeur à son personnage, il lui faut un antagoniste.
Ce méchant de l’histoire n’est pas forcément méchant. C’est sa fonction qui le désigne ainsi.

Et même s’il passe le plus clair de son temps à nuire au personnage en l’empêchant d’atteindre son objectif, l’antagoniste doit être vu comme un opposé, un miroir ou une ombre du protagoniste.
Sa fonction le catégorise comme un opposant. C’est bien-sûr ce qu’il est dans les faits et ce qui provoque du conflit à chacune de leur rencontre.

Mais l’antagoniste n’est pas nécessairement quelqu’un de mauvais. Inutile donc de le diaboliser systématiquement.

Une comparaison

L’esprit humain adore faire des comparaisons. En caractérisant votre antagoniste, vous allez créer par le même coup une comparaison avec le protagoniste. C’est en comparant les choses que l’on apprend à les juger à leur juste valeur.

En d’autres termes, vous vous faciliterez la tâche en élaborant d’abord l’antagonisme (et en l’incarnant s’il s’agit d’une entité comme la nature ou une institution quelconque) et d’en induire le protagoniste.
Gardez aussi à l’esprit que plus l’antagoniste sera puissant, plus le triomphe de votre protagoniste sera significatif.

N’abordez pas le méchant de votre histoire comme un objet. Il a aussi une conscience. Comme n’importe lequel de vos personnages. Donnez-lui une valeur en tant qu’être humain. Plus vous appuierez sur cette valeur de l’antagoniste, plus le protagoniste sera intéressant.

La dynamique de la relation entre ces deux-là est ce qui constitue l’intrigue. Et au centre de celle-ci doit figurer le protagoniste.

Quelle est la qualité indispensable d’un protagoniste ?

Et la plus essentielle est qu’il doit avoir une totale liberté de choix. Le protagoniste non seulement prend mais est condamné à prendre des décisions (car bien souvent à son corps défendant).

Bien sûr, ne pas choisir, c’est encore choisir. Mais cela ne fait pas un protagoniste. Ce qui le définit à défaut de le déterminer, c’est qu’il est maître de sa destinée.

Dans le cas contraire, il est enfermé dans les conséquences de son passé. Il est ce qu’on a fait de lui.

Une intrigue n’est rien d’autre qu’un personnage qui veut absolument quelque chose et qui est prêt à rencontrer de gros problèmes pour l’obtenir. Il a le choix de ne pas s’engager dans cette aventure.

Peut-être que dans un premier temps, il nie ou refuse ce qui semble pourtant inévitable.
Il est arraché à la fausse sécurité de son quotidien et on peut comprendre ses réticences.

Mais le moment est proche où il devra choisir. S’il ne le fait pas, l’auteur va certainement rencontrer la déception de son lecteur.
Ce choix est l’ouverture vers l’intrigue. Sans cette décision du protagoniste d’aller au-devant des problèmes, il ne peut y avoir d’intrigue.

Le conflit définit l’intrigue. Sans conflit, pas d’intrigue. Mais le protagoniste est la clef de l’intrigue. Il tient entre ses mains l’accès à cet espace de l’acte Deux communément appelé intrigue.

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