LA DERNIERE MARCHE réalisé par Tim Robbins
Il y a des films qu'on ne voit pas et pourtant ils sont dans nos références. Je ne sais pas si c'est à cause de cette affiche à la fois simple et efficace, ou à cause du thème. mais je savais très bien de quoi parlait ce film de 1995. C'est pour cela que je l'ai mis en route dès que je l'ai vu dans le catalogue de la télé à la demande.
Hélen Préjean, a pris le voile très jeune. Elle a décidé de vouer sa vie à dieu et aux personnes défavorisées des quartiers pauvres de Louisiane. Un jour un condamné à mort lui écrit, presque par hasard, un peu comme on jette une bouteille à la mer. Cet homme est accusé d'avoir avec un complice, tué un couple de lycéens et d'avoir violé la jeune femme. Âpres l'avoir aidé à rencontrer un bon avocat et perdu son dernier recourt , il lui demande d’être son conseiller spirituel jusqu'à son exécution. Le cadre que met en place le réalisateur est carré et quasiment protocolaire ce qui lui permet de mettre en valeur son sujet. Ce cadre est établi par différents éléments. D'abord le titre qui enlève tout suspens malsain sur ce qu'il pourrait advenir du condamné. Si le titre français est clair le titre original, dead man walking, l'est encore plus.
La progression est chronologique et sans fioriture. Et c'est à l'image de tout le reste du film. Les images sont belles, simples, efficaces, de sorte qu'ils accompagnent le message, mais en aucun moment il ne le parasite. La seule chose qui contraste dans ce film sont les acteurs. Sean Penn et Susan Sarandon sont tous les deux lumineux. Ils sont la source de lumière,en plus d’être les vecteurs des messages. Ils baladent leurs pâleurs tout le long de film. Donnant un air enfantin à un assassin et une aura voire une auréole à la sœur. Il y a bien des touches d'humour pour rendre les choses digestes. Mais elles sont toujours portées par les personnes ou à des moments auxquels on ne s'y attend pas. Que ce soit une conversation ubuesque entre deux sœurs ou le condamné avec sa famille quelques heures avant sa mort. Ils sont là comme des respirations permettant de mieux entendre le contenu.
Et le contenu est ambitieux, sérieux, et engagé. C'est une prise de position en règle contre la peine de mort dans un premier temps. Grâce à la vocation de la protagoniste, le réalisateur réfute un par un mais respectueusement tous les points évoqués par la religion catholique. Et elle permet aussi d'aborder la douleur sans nom des parents et des proches. C'est évoqué avec compassion et force de sentiments. La bonté de sœur Helen permet de traiter avec délicatesse tous ces sujets. Ensuite il n'y a pas de faux semblants, ni de compromissions; le personnage est un vrai salop, il est accusé de choses des plus horribles. Il se déclare raciste, nazi, et regrette de ne pas avoir embrassé une carrière de terroriste. Il est immature, n'assume pas ses actes, et a des croix gammées tatouées sur son corps, cachées par sa chemise. S'il y avait eu une personne qui méritait la mort ça aurait pu être lui.
Mais le film tient le cap. Il déroule son argumentaire, et explique pourquoi la peine de mort est inhumaine. Soulevant le ridicule d'une manière de l'appliquer plus « douce » qu'une autre. Mais ce film ne dénonce pas que ça. Il souligne la manière dont cette sœur est sous estimée par sa hiérarchie. Une structure menée par des hommes dont l'ouverture d'esprit n'est pas la principale qualité. Plus largement il parle aussi du respect des femmes. La différence de la perception qu'on les hommes de nous en fonction de notre potentiel sexuel, ou de la place que l'on a par rapport à un homme. Tout cela dépendant tellement peu de qui on est.
Ce film est un manifeste, avec tout ce que ça implique en code et en rigidité. Il est riche et sans concessions. Sa rigueur amplifie son impacte ce qui lui permet de remettre en cause certains piliers de la société.