Richard Fleischer, grand réalisateur trop souvent sous-estimé auquel on dot pourtant des chefs d'oeuvres comme "20000 lieues sous les mers" (1954), "Les Vikings" (1958), "L'Etrangleur de Boston" (1968) et "Soleil Vert" (1973). Ayant touché à tous les genres le cinéaste revient au film policier mais cette fois dans un sous-genre, celui du film policier réaliste qui montre l'envers du décor. Adapté du roman "Les nouveaux Centurions" (1971) de Joseph Wambaugh on suit le destin et quotidien de quelques flics en patrouille dans un commissariat de Los Angeles. Pas de gros Parrain de la pègre ou de tueur en série ici mais juste le boulot quotidien de flics de base où le drame peut surgir plus simplement d'un différend familial ou d'un simple contrôle routier.
Ce film, trop méconnu, a pourtant clairement influencé un genre qui offrira plus tard des films à la thématique similaire comme "Colors" (1986) de Dennis Hopper, "L'Elite de Brooklyn" (2010) de Antoine Fuqua ou encore "End of watch" (2012) de David Ayer. On doit le scénario à Stirling Silliphant, valeur sûre depuis le succès d'un autre chef d'oeuvre, "Dans la chaleur de la nuit" (1968) de Norman Jewison. Les deux rôles principaux sont tenus par le monstre sacré George C. Scott (qui venait de refuser son Oscar pour "Patton" en 1970 de Franklin J. Schaffner) jouant le vieux roublard, et Stacy Keach (qui commençait depuis peu à obtenir des premiers rôles) jouant la jeune recrue qui en veut. On reconnaitra aussi Erik Estrada futur star du petit écran en incarnant l'agent de police Poncherello dans la série culte "Chips" (1977-1983). Plongé dans les bas-fond des quartiers de Los Angeles onsuit donc les patrouilles de base et on rentre à la maison avec le flic usé par son quotidien où sa vie ne tient qu'à une seule chose : si routine il y a il faut se rappeler que c'est la routine qui tue.
Donc pas d'enquête unique au suspense plus ou moins haletant mais un récit semé de missions "basiques" mais qui laissent des traces au fil du temps. Fleischer ne s'attarde pas, il avance avec ses personnages en montrant bien que le premier soucis du flic est de faire son maximum tout en entrant vivant chez soi le soir. Si le duo vieux-jeune est classique il est pourtant nécessaire car il sert à montrer deux points de vue du boulot. Mise en scène à hauteur d'homme, pas d'esbrouffe juste un juste milieu entre les junkies, putes et autres caïds de rue et le retour au bercail. Une once d'humour nécessaire pour avaler les difficultés du job et pourtant un fort pessimisme empreint de fatalité hante le film. Richard Fleischer signe un vrai bon film policier magnifiquement interprété par des acteurs inspirés. A voir et à conseiller.
Note :