Scenario en panne : resolvez les problemes

Billy Ray (Hunger Games de Gary Ross, Suzanne Collins et Billy Ray, d’après le roman éponyme de Suzanne Collins, premier tome de sa trilogie) a dit :
“If you are a mechanic, you wouldn’t go to Starbucks for two hours and wait for your muse to tell you what to do with a carburetor. You would just get under the hood, and fix the goddamn carburetor. And 95% of what we do is problem-solving. It’s really not waiting for a moment of artistic inspiration. It’s problem solving. ‘I need this character to get from this place in his arc to that place in his arc. How do I do that?’ And that’s all it is. It’s just grinding. And you want to be the person who does it the most, and the most cheerfully.”

Si vous êtes un mécanicien, vous n’allez pas vous enfermer deux heures dans un Starbucks à attendre que votre muse vous dise quoi faire avec un carburateur.
Vous iriez juste soulever le capot et réparer ce fichu carburateur.
95 % de ce que nous faisons est de résoudre des problèmes. Ce n’est vraiment pas d’attendre pour un moment d’artistique inspiration. C’est de la résolution de problèmes.
J’ai besoin que ce personnage passe de cet état à ce moment de son arc dramatique à cet autre état dans ce même arc. Comment est-ce que fais cela ?
Ce n’est que cela. De la rumination. Et vous serez celui qui en fait le plus… Et avec le plus de plaisir.

Cela peut paraître un peu trop facile ou trop sophistiqué mais le fond de cette pensée est que cela vous libère.
Lorsqu’on écrit, nous nous engageons émotionnellement avec notre projet. Nous nous impliquons subjectivement avec lui.
Alors que nous devrions prendre de la distance et poser sur lui un regard objectif.

Une immersion profonde

Après avoir mûri pendant des mois un projet, côtoyé une histoire et des personnages si intimement, avoir passé du temps sur des idées et des émotions qui résonnent si fortement en nous, que nous avons tendance à développer une relation profonde et sensible avec notre création.

Et comme nous ne pouvons pas porter un regard objectif sur elle, la cécité nous gagne et le découragement étend son ombre nébuleuse sur nous.

Et parce que nous nous isolons avec notre créature, nous nourrissons un désespoir qui nous fait douter de nous-mêmes et nous en venons à abandonner notre rêve.

Se donner au regard de l’autre

Il faut se détacher de sa création, se désaliéner émotionnellement de ce que l’on a écrit. Nous avons fabriqué une histoire, construit des personnages, assemblé des éléments dramatiques.

Maintenant, ce premier jet du scénario a besoin d’ajustements. Mais alors que ce premier travail d’écriture est le fruit de recherches personnelles et d’heures solitaires passées à écrire, la réécriture ne peut être engagée immédiatement.

Pour mettre au jour les ajustements que nécessite le scénario, il vous faut entendre les critiques.
Et que vos oreilles ne se ferment pas au contact de paroles trop acides.

Au contraire, cela doit vous permettre de repenser votre projet et d’en réécrire des scènes, des séquences ou de remanier des personnages.
Et ce, sur la base de critiques reçues avec toute l’objectivité nécessaire dorénavant.

Hors de toute émotion trop personnelle ou d’une réponse trop émotionnelle pour être valide, la question devient :
Qu’est-ce que je dois changer pour que cela fonctionne ?
En reprenant l’image de Billy Ray, il suffit de soulever le capot.
L’examen sans priori, sans préjugé de la situation et vos propres expériences d’écriture devraient vous aider à juger objectivement votre projet, à vous libérer de l’emprise trop intime qu’il a sur vous.

Sachant aussi que cette réécriture ne pourrait pas non plus fonctionner, vous êtes cependant dans un état d’esprit pour continuer à chercher. Vous avez la volonté de le faire et vous n’êtes pas à contre-courant de vous-même.

La critique fait partie du projet

Un scénario est un ensemble d’éléments dramatiques qui s’assemblent tels des rouages pour donner un tout.
Plongé dans son processus d’écriture, l’auteur oublie parfois que son travail sera soumis au questionnement de nombreux intervenants.

Et le scénario d’autant plus qu’il est d’abord un outil de travail pour un grand nombre de domaines artistiques disparates. L’auteur doit donc savoir et accepter que tous les aspects de sa création seront questionnés.

Afin de donner une existence à son projet, de lui donner de la valeur avant de le jeter au monde, la critique sous la forme d’un regard extérieur accepté par l’auteur et qui en fin de compte embarque dans le projet peut mener à la concrétisation de celui-ci.

Il existe des gens qui ont des connaissances sur l’écriture de scénarios, sur la construction de personnages… et même s’il faut faire preuve de discernement parmi toutes les opinions, ce savoir doit être entendu très sérieusement par l’auteur.
Cela servira sa réécriture mais aussi les projets futurs.

Une critique constructive

Façonner une idée jusqu’à ce qu’elle puisse attirer l’attention sur elle et dans le même mouvement, solliciter une aide qui permettra de résoudre les problèmes est une approche qui consiste à identifier ces problèmes et à leur apporter des solutions.

L’inspiration devient aussi un processus de résolution de problèmes sous la forme d’un brainstorming. Celui-ci consiste à laisser notre imagination poser toutes les questions que notre muse débridée nous fait apparaître et d’écouter les réponses (même les plus improbables).

Dès que l’on a une idée de scénario, les questions sur comment le faire fonctionner, sur quand ce qui doit arriver doit arriver et toutes ces décisions que nous devons prendre sont autant de problèmes que nous devons résoudre l’un après l’autre.
Chaque problème soulevé attend une réponse et nous élaborons le scénario morceau par morceau résolvant chaque problème au fur et à mesure qu’il se présente.

Ainsi, le brainstorming et le retour d’informations lorsque nous soumettons notre projet à un regard extérieur à l’acuité plus ou moins prononcée dans le domaine qui nous intéresse peut nous aider à fournir le meilleur de ce que nous pouvions faire avec notre projet.