Synopsis : " Un matin, Mira remarque que son mari n'est plus là. Elle organise des recherches, mais commence peu à peu à s'adapter à la situation. Les problèmes commencent quand elle se rend compte qu'elle est beaucoup mieux sans lui. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Il y a des films que l'on peut voir sans aucun problème. Chaque semaine sortent trois à quatre films qui vont avoir droit à une belle visibilité et à une sortie dans les grandes chaînes de cinéma. Restent sur le côté une majorité de films indépendants qui devront se " contenter " des salles art et essai de France. Elles ne sont pas majoritaires, mais suffisamment présentes dans notre pays pour permettre tout à chacun (sans généraliser) de voir les films en question. Parmi ces derniers, sort le 1er février 2017, un film indépendant qui se nomme Inertia. Long-métrage israélien distribué en France par la société Wayna Pitch, Inertia fait typiquement partie de cette catégorie de films qui trouveront difficilement, pour ne pas dire aucunement, leur public en salles. Inertia est une première réalisation, un premier long-métrage qui porte les stigmates d'une première réalisation. Ce qui n'est en aucun cas péjoratif. Bien au contraire, lorsqu'un réalisateur est passionné, intéressé par l'art qu'il exerce, cela se ressent au travers de sa première œuvre. Ce qui est pleinement le cas du film Inertia. Un film qui a ses défauts, mais qui cherche à créer quelque chose, qui dégage une certaine sincérité et dont le réalisateur soigne absolument chaque détail afin d'être fier de l'œuvre réalisée. Inertia conte l'histoire d'une femme qui au beau matin, va se réveiller et constater la disparition de son mari. Disparition étrange, mais qui va remettre en question son couple et son envie de vivre avec lui, de le retrouver.
Un synopsis simple à comprendre, à l'image du scénario dans sa globalité. Inertia est un film aux questionnements intéressants (sur la perte, la remise en question...), mais qui va littéralement survoler ces questions pour se concentrer sur la déambulation de son protagoniste. Inertia est un film contemplatif, un film qui mise avant tout sur le placement des corps dans l'espace et sur le travail de l'image. Le réalisateur ( Idan Haguel ndlr) apporte un soin tout particulier au travail visuel. C'est par le visuel qu'il va tenter de faire transparaître des émotions et apporter des informations sur la volonté même du personnage. Savoir si elle est heureuse, maintenant que son mari a disparu, ou non. Les plans sont majoritairement fixes (quelques panoramiques...), la colorimétrie penche vers un travail naturaliste avec une envie de rendre les couleurs un peu plus vives et chatoyantes à l'image de la mer (couleurs pas choisies au hasard, car en lien avec l'émotion ressentie à l'instant T par le personnage) et le cadrage cherche la perfection symétrique. C'est beau, méticuleux, tellement propre qu'il en devient lisse et insipide. A en faire trop, à vouloir faire trop beau, avec une histoire aussi légère en terme d'enjeu et de caractérisation des personnages, Idan Haguel en vient à occulter toute émotion pouvant atteindre le spectateur. Spectateur qui ne reste que spectateur et ne prend à aucun moment part à l'action, regardant déambuler une femme à laquelle il ne s'attache pas. Malgré encore une fois, ce travail indéniable de recherche dans le cadrage et la mise en scène. Le jeu de l'actrice Ilanit Ben-Yaakov n'aide en rien, littéralement transparente jusqu'au dernier plan.
Inertia est pourvu d'un scénario qui manque de corps et d'enjeux, ainsi que d'une actrice qui manque de caractère et de charisme, mais ce n'est pas pour autant un film à ne pas voir. C'est une première réalisation pleine d'envies et de bonnes intentions. Ce qui se ressent notamment au travers d'un travail visuel magnifique.