Jackie

086055.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

Après l’excellent Neruda, le cinéaste chilien Pablo Larraín s’intéresse à une autre figure historique, icône féminine adulée, entourée d’un halo de mystère.

Avec Jackie, Larraín livre un portrait audacieux et sans concession de celle qui fut considérée comme un symbole d’élégance et de dignité, et qui marqua l’histoire des États-Unis par sa finesse d’esprit et son sens de la mise en scène.

Une fois encore, le cinéaste évite les poncifs fastidieux et insipides des traditionnels biopics. Jackie est construit autour d’un action resserrée sur quelques jours – l’interview que la Première Dame a demandé à Life Magazine peu de temps après l’assassinat du Président constitue le point de départ de l’intrigue -, un montage intelligent conçu comme un labyrinthe subtil éclairé par des flashbacks ingénieux, des ellipses qui en disent long, une esthétique glacée qui fait sens… Et surtout, les gros plans implacables sur le visage de « Madame Kennedy », comme pour mieux révéler les failles qui se cachent derrière les multiples masques que celle-ci a appris à manier « en épousant le clan ».

De l’orchestration magistrale des funérailles de JFK à l’embellissement de la maison Blanche à l’arrivée des Kennedy en 1961, de la visite virtuelle des appartements rénovés filmée lors se l’émission télévisée de CBS aux vraies-fausses confidences teintées de mélancolie d’une femme désabusée mais pétrie d’orgueil, la caméra va et vient au gré des souvenirs de la First Lady.

Qu’importe la chronologie, qu’importe la « vérité »… Larraín voit en Jackie une héroïne pleine d’aspérité, incarnée par une Natalie Portman inspirée, qui n’hésite pas à écorcher l’image a priori lisse d’une femme politique qui avait déjà compris le pouvoir des faux-semblants et des médias.

Tout bonnement fascinant.

Sortie le 1er février 2017.