Seulement le second long métrage pour Barry Jenkins après "Medecine for Melancholy" (2008) qui était déjà sur un sujet similaire sur deux afro-américains gays. Cette fois il écrit et dirige un film à la mise en scène et à la construction plus ambitieuse en se focalisant sur trois courtes périodes de la vie de Chiron alias Little alias Black. Barry Jenkins adapte la pièce de théâtre "In Moonlight Black Boys Look Blue" de Tarell Alvin McCraney. Le cinéaste et l'auteur ont un destin très semblable et se rapproche en toute logique puisque tous deux ont été élevé dans la cité de Liberty City où se déroule les évènements, tous deux ont une enfance difficile avec deux mères toxicomanes. L'histoire est donc celle de Chiron, qui doit grandir dans un milieu difficile tout en ne pouvant assumer son homosexualité. On va le voir grandir à travers trois époques distinctes, il est alors Little à 8-9 ans, Chiron vers 16 ans et Black à 26 ans...
Un tel concept oblige évidemment à trois acteurs pour jouer. Premier souci, on ne peut pas dire que l'évolution physique ait été un problème pour Barry Jenkins ! Même si les trois jeunes acteurs jouent bien il est difficile d'y croire tant la ressemblance physique ne colle pas (on pense surtout pour la période 16 ans). Second souci, les personnages ne sont pas tous particulièrement bien écrits, dans le sens où il faut un minimum de vraisemblance. Si Chiron est un mutique et ce trait de caractère est beaucoup trop ancré, sans nuance où alors trop appuyé notamment quand il a 26 ans et ce job !? Le personnage de Juan (très bon Mahershala Ali vu dans "Free State of Jones" en 2016 de Gary Ross), dealer pygmalion est tout aussi peu crédible. Comment croire qu'un tel caïd se met à jouer les nounous de cette façon ?! Les vrais beaux rôles reviennent aux femmes, outre la performance de Naomie Harris en mère junkie (éternelle Moneypenny dans "Skyfall" en 2012 et "007 Spectre" en 2015 de Sam Mendes) on retient le petit rôle de la sublime Janelle Monàe (qu'on risque de revoir après avoir enchainée avec "Les Figures de l'Ombre" de Theodore Melfi bientôt en l'écran). Ensuite le cinéaste a voulu montrer le contraste entre les couleurs vivent et l'"éclat inattendu" de ce quartier de Liberty City de Miami avec la violence de cette cité apparemment connu comme l'un des plus violentes de Etats-Unis...
Souci, une telle violence est quasi inexistante dans le film (?!). On voit dès le début que Barry Jenkins a voulu user d'effets (caméra tournoyant, arrière--plan flouté...) mais on se demande pourquoi ce choix disparait aussi vite ensuite. Résultat, ce film prometteur s'avère être une des première grosse déception de l'année. Ambitieux et audacieux certe, avec des acteurs épatants et plusieurs jolis moments de grâce. Mais la cohérence entre les trois "Chiron" est pauvre, la vulnérabilité des dealers est juste pas plausible (ou si peu !) et surtout, comment croire également à ce moment où on comprend que tout le monde savait qu'un enfant de 8 ans est gay ?! Il y a comme une grande naïveté (pour être un peu dur, un peu plus et on serait au pays des Bisounours) dans ces maladresses narratives. Dommage car le film devient d'autant plus bancal, on veut y croire mais ça ne fonctionne que trop rarement...
Note :