[CRITIQUE] – Inertia (2017) !

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Idan Haguel

Avec : Ilanit Ben-Yaakov, Galia Isay, Mohammad Bakri et Ami Weinberg

Date de sortie : 1 février 2017

Durée : 1h12min

Distributeur : Wayna Pitch

Synopsis :

Un matin, Mira remarque que son mari n’est plus là. Elle organise des recherches, mais commence peu à peu à s’adapter à la situation. Les problèmes commencent quand elle se rend compte qu’elle est beaucoup mieux sans lui.

 

4/5

Certes, l’Israël entretient un lien culturel privilégié avec l’Hexagone. Mais cette œuvre est sans nul doute entrée en grande pompe, dans la nouvelle vague du cinéma indépendant israélien. Plusieurs festivals, dont celui de la Berlinale, l’ont encensé. A présent, à vous de le découvrir pour en juger !

UN MONDE DÉSHUMANISÉ

Commençons par l’esthétique du film, rappelant celle du réalisateur Pedro Almodóvar. Un contraste oscillant entre des couleurs froides et pétillantes, ainsi que des objets symboliques, savamment placés dans le cadre. Dans le rôle principal de Mira et dans celui de sa mère, nous pouvons noter une influence nette et fort utile du réalisateur espagnol pour aider à la cohérence du scénario. Le décor est épuré et la propreté macabre. Une lumière froide et récurrente persiste tout au long du film sans pour autant nous envahir complètement. Des télévisions en guise de chaleur humaine font taire un moment l’angoisse et compensent le manque affectif. L’environnement semble être bloqué dans une sorte d’inertie impalpable et une mystérieuse amnésie a envahi les personnages. Les rues sont vides et le silence domine. Visuellement, nous sommes face à une poésie quasi post-apocalyptique. Une ambiance onirique est installée, entre le rêve et le cauchemar. Le néant, ou bien lorsque le temps a décidé par lui-même de s’arrêter. Inertia se révèle être tout bonnement une critique ouverte et assumée de notre société contemporaine.

LA SOLITUDE EXTRÊME

Pour son premier long-métrage, Idan Haguel aborde un thème complexe et des plus actuels. De ce fait, le film n’est pas exploité à son maximum, mais il dépasse largement nos espérances. La solitude extrême ne se manifeste pas aisément et selon une logique propre. Elle intervient quand des traces restent, et nous rappellent sans relâche une présence disparue. La mise en scène de ce film est intelligemment manifestée par son silence, plutôt que par ses dialogues. En découle par conséquent une performance percutante de l’actrice Ilanit Ben-Yaakov (Mira). Les autres personnages ont très peu ou pas de compassion. Mira vit une succession d’abandons plus ou moins violents, sans explication vraiment acceptable. Les interactions sont rapides et superficielles laissant ainsi planer une détresse muette. Et la mer, à perte de vue, erre sans bateaux. La vraie problématique d’Inertia n’est pas de dénoncer nos lacunes de communication, mais de mettre en exergue un authentique retour à soi-même à travers la solitude. Pour ce faire, une belle mise en place de la musique originale invite et aide le spectateur à entrer dans cet univers insolite.