Delphine et Solange sont deux jumelles de 25 ans, ravissantes et spirituelles. Delphine, la blonde, donne des leçons de danse et Solange, la rousse, des cours de solfège. Elle vivent dans la musique comme d'autres vivent dans la lune et rêvent de rencontrer le grand amour au coin de la rue. Justement des forains arrivent en ville et fréquentent le bar que tient la mère des jumelles. Une grande foire se prépare et un marin rêveur cherche son idéal féminin...
Les Demoiselles de Rochefort – 8 Mars 1967 – Réalisé par Jacques Demy
J'aime beaucoup le genre de la comédie musicale que beaucoup hélas galvaude et cela malgré des classiques qui traversent les années tout en étant d'une grande qualités. Dans le lot, il y avait un cinéaste dont j'entendais parler sans jamais avoir vu un seul de ces films, Jacques Demy. Ce réalisateur français tout le monde le connaît, que cela soit grâce à ces films ou indirectement par la reprise de manière continue et régulière depuis près de cinquante ans de certaines chansons, comme la fameuse « chanson des jumelles ». Mais je n'ai franchis le cap que récemment, grâce à la sortie du troisième film de Damien Chazelle, l'excellent « La La Land » car c'est une des influences qui le parcours et comme je connais la plupart des comédies musicales américaines citées dedans, il ne me manquait plus qu'a me plonger dans celle-ci, ce que je regrette amèrement …
Tout l'action se passe dans la ville de Rochefort et plus précisément dans le centre de cette cité sur la place Colbert. Menée par Etienne et Bill, une troupe de forain s'installe sur cette place pour quelques jours. Tous les deux font très vite connaissance avec Yvonne la gérante du café de la place, une femme avenante et très accueillante qui à deux filles et un jeune garçon qui se nomme Boubou. Il faut ajouter à cela un marin, artiste rêveur en quête de son idéal féminin; un vendeur de piano qui rêve de reconquérir un amour perdu et un américain de passage qui tombe sur l'amour. Des personnages qui n'ont rien à voir en commun, si ce n'est de chercher un idéal féminin ou masculin bien dur à capter et a trouver dans les rues colorées de Rochefort …
Pendant quinze minutes j'ai bien cru tenir là une comédie musicale de première ordre, sauf que cela c'est vite détériore, jusqu'à en devenir totalement insupportable. Une déception d'autant plus grande car je souhaitais vraiment apprécier ce film qui est culte pour beaucoup et que je voulais découvrir « le » cinéaste français capable d'égaler les américains dans le genre qui à populariser des stars comme Gene Kelly, Fred Astaire, Ginger Rogers et bien d'autre.
Premier point qui me pose problème ici, c'est le scénario de Jacques Demy. Alors oui j'imagine que si on connaît mieux l’œuvre du cinéaste que moi, on doit y retrouver des choses que je ne vois pas, mais me concernant je n'ai vu qu'un amas bordélique de personnages peu développés qui se rencontrent au gré de l'envie du réalisateur. C'est simple tout le récit est construit pour passer d'un numéro à l'autre ou d'un décor à un autre, sans se soucier d'une quelconque logique. Chaque action qu'entreprend un personnage n'est pas là pour nourrir l'intrigue ou la caractérisation d'un personnage, mais juste pour qu'il en rencontre un autre, qui engendrera une autre rencontre … C'est mécanique, sans surprise et cela rend le tout particulièrement artificiel.
Des défauts d'écritures qui sont renforcés par l'omniprésence de la musique et du chant qui parasite tout ça. Oui Jacques Demy a confondu film musical et spectacle de variété. Ce qui fait souvent le sel d'une comédie musicale réussie c'est cette équilibre entre le chant, la danse et la comédie, car il ne faut pas oublier que c'est aussi un film que l'on regarde et que cela doit nous raconter une histoire, peut importe si elle est niaise ou non. Les chansons voire les numéros de danses sont là pour appuyer le propos ou illustrer ce qui se passe à l'écran et non pour se substituer à ce que le réalisateur doit nous conter. Un piège dans lequel Jacques Demy tombe sans aucune retenue, les chansons sont envahissantes, omniprésentes, énervantes, elles se déclenchent sans aucune logique, tout comme les danseurs que l'on voit œuvrer sans que l'on comprenne pourquoi ? ils sont là, ils dansent, peu importe si il se passe ou non quelques choses à l'écran.
Si le talent de Michel Legrand que l'on retrouve ici n'est pas vraiment à prouver, j'ai eu beaucoup de mal à n'apprécier ne serait-ce qu'une chanson, mais c'est un avis purement personnel et je ne me permettrais pas de le juger sur un film. Toutefois il y a une chose que je ne comprend pas, c'est pourquoi a t-on doublé presque tous les acteurs aux moments ou ils doivent chanter ? C'est gênant pour Grover Dale et George Chakiris, mais soit, ils ne sont pas français cela s'entend, mais pour Deneuve, Picoli ou pour Françoise Dorléac qu'elle est l'excuse, ne pouvaient-ils pas prendre des cours de chants ? Surtout que l'on ne s'attend pas à avoir des chanteurs professionnels (Hormis pendant l'age d'or du genre), car on sait que ce sont des comédiens avant tout. La performance aurait été encore plus grande au final et les imperfections n'auraient pas été gênantes.
Ce qui m’amène à la performance des acteurs et a ce que cela implique à mes yeux. Hormis l'actrice Danielle Darrieux qui était aussi chanteuse, tout le casting fut doublé pour chaque numéro de chant et comme il y en a beaucoup, j'ai juste eu l'impression pendant deux heures de voir des marionnettes à l'écran qui se succédaient sans aucune conviction, si ce n'est de faire attention au play-back. Et c'était tout bonnement énervant, surtout quand il y a un casting aussi fabuleux, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Michel Piccoli, Gene Kelly, George Chakiris, Jacques Perrin ou encore Grover Dale. Décevant