Volte/Face (1997) de John Woo

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Avec ce tournage le réalisateur hong-kongais John Woo réussit enfin son passage outre-Pacifique après déjà deux films américains à son actif, les décevants "Chasse à l'homme" (1993) et "Broken Arrow" (1996). Pour ce film il retrouve son acteur John Travolta, déjà dans "Broken Arrow" et en plein retour en grâce depuis son comeback dans "Pulp Fiction" (1994) de Quentin Tarantino. A ses côtés on retrouve Nicolas Cage qui enchaine là avec son troisième action movie coup sur coup après "Rock" (1996) de Michael Bay et "Les Ailes de l'enfer" (1997) de Simon West. Ce qui fait que le trio forme à ce moment un trio percutant dans le genre, un trio prometteur et solide. A leurs côtés, la belle et vénéneuse Gina Gershon tout juste sortie de "Bound" (1996) des frères Wachowski, on a l'épouse dévouée une fois de plus pour Joan Allen après avoir été celle de Daniel Day-Lewis dans "La Chasse aux Sorcières" (1996) de Nycholas Hytner et celle de Kevin Kline dans "Ice Storm" (1997) de Ang Lee. En prime on reconnaitra la jeune et belle Dominique Swain tout juste après sa révélation dans le remake "Lolita" (1997) de Adrian Lyne et, surtout, un second rôle marquant joué par le réalisateur Nick Cassavetes qui venait de tourner "She's so lovely" (1997) avec John Travolta entre autres...

Un casting idéal et judicieux pour un film d'action parmi les plus cultes des années 90, à la fois par son casting (Woo-Travolta-Cage sont alors quasi à leur apogée) et par son histoire qui touche autant au sublime qu'au ridicule. Car il faut bien avouer que le speech est plutôt farfelu. Pour infiltrer un gang terroriste un agent fédéral se greffe littéralement et carrément le visage du chef, qui lui reste emprisonné... Normalement !... Disons-le tout de suite, si la greffe de visage est possible aujourd'hui c'est long et fastidieux notamment rien que pour cicatriser, avec de forts taux d'échecs. L'opération dans le film est digne de la SF donc. Il est vrai que les scénaristes auraient pu trouver une solution un peu plus subtile. Néanmoins les effets spéciaux et la mise en scène ne s'attardent pas sur ce passage outre mesure ce qui permet au récit d'avancer rapidement. Il est clair que pour John Woo cette opération est un détail, un prétexte pour l'intrigue ni plus ni moins. La vraie bonne idée, le vrai bon effet reste les conséquences d'un tel échange, les acteurs jouant donc deux personnages, le méchant devenant le gentil et vice-versa (volte/face !). Là-dessus le film est clairement une réussite, n'omettant jamais les difficultés pour l'individu d'accepter psychologiquement parlant de porter le visage d'un autre, d'autant plus quand il s'agit du visage de l'homme que vous haïssez le plus !

John Travolta et Nicolas Cage offre deux (quatre !) performances hautes en couleurs. Si on frôle (voir plus) souvent le surjeu et/ou la théâtralité à outrance c'est aussi une sorte de jubilation survitaminé qui l'emporte. John Woo signe une mise en scène rythmé, où chaque scène à son importance (même les plus anodines notamment quand Troy est le père de famille attentionné de la famille du flic). Si parfois on se voit à sourire sur les abus du film le cinéaste ne nous laisse pas le temps de réagir, le film avance et ne nous laisse pas de répit. John Woo arrive ce qu'il n'a pas réussi sur "Broken Arrow", soit le mixte idéal entre son style perso à la sauce Hong-Kong et les paramètres hollywoodiens. Certe on frôle souvent la catastrophe, too much souvent mais avec aussi de nombreuses scènes impressionnantes et prenantes. Pas dans la dentelles, c'est une évidence, mais le réalisateur asiatique des cultes "Le Syndicat du Crime" (1986) et "The Killer" (1989) signe un film jouissif, un péché mignon de luxe.

Note :