L’intrigue se déroule à Paris en 1964, quelques mois avant la mort de l’artiste. Giacometti (Geoffrey Rush) propose à James Lord (Armie Hammer), critique d’art newyorkais en visite dans la capitale française, de poser pour lui. Flatté, le jeune homme accepte. Il doit partir le surlendemain, mais se dit qu’un artiste de la trempe de Giacometti n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour exécuter le tableau. Il se trompe lourdement…
Dans son studio, Giacometti évolue à son rythme. Plus perfectionniste que jamais, il fait, défait, refait, râle de la faible qualité de son travail jusqu’à se demander s’il a jamais eu une once de talent. Parfois, il s’interrompt brutalement pour aller boire un verre ou faire une promenade, quand il n’est pas à se disputer avec son épouse (Sylvie Testud) ou à flirter avec sa maîtresse (Clémence Poésy). Quand la toile semble enfin prête à être achevée, il lâche des “Fuck!” retentissants et détruit tout ce qu’il a fait précédemment.
En fait, c’est là l’essence de son art : la conscience qu’un portrait ne peut révéler pleinement la personnalité de son sujet. Ce n’est qu’une vision d’artiste à un instant “t”, une esquisse, le témoignage d’un moment d’échange privilégié qu’il aimerait faire durer indéfiniment.
Cette plongée dans la création artistique et dans l’univers de Giacometti est plutôt séduisante. Néanmoins, il s’agit là d’une oeuvre très classique formellement, alors que le personnage aurait mérité un traitement plus libre, plus poétique, dans l’esprit du surréalisme. Ceci dit, Final portrait est plutôt réussi d’un point de vue esthétique, en exploitant parfaitement son décor – l’atelier de Giacometti, avec ses statues gigantesques et son bric-à-brac organisé – et il a surtout été conçu pour mettre en valeur le talent de Geoffrey Rush, une nouvelle fois particulièrement convaincant dans la peau de l’artiste suisse, génial et torturé.
Rien que pour sa performance, le film vaut le détour et justifie pleinement sa présence à la 67ème Berlinale, hors compétition.