Voilà 2 grands films qui n’auront pas reçu de nominations aux Oscars mais dont les réalisateurs et leur sérieux auraient pu leur valoir plus d’intérêt ! Avec Silence, Martin Scorsese nous invite à la messe alors que dans Un Jour dans la vie de Billy Lynn, Ang Lee enfonce le clou sur l’industrie du spectacle militaire américain. Longs mais passionnants.
Commençons donc avec le nouveau film d’Ang Lee. Le réalisateur de Brokeback Mountain qui, avec l’Odyssée de Pi est passé du côté des visionnaires passionnés non seulement par les belles histoires mais aussi par la technologie. Et si Un Jour dans la Vie de Billy Lynn a été tourné en 4K, 3D et en 120 images par secondes, il nous sera impossible de le voir ainsi puisque la France n’est pas équipée. Et avec seulement 16 salles diffusant le film à sa sortie française (presque une sortie technique pour un réalisateur multi-oscarisé !), il y a même peu de chance de voir le film tout court. Et pourtant celui-ci vaut le coup d’oeil. S’intéressant particulièrement au retour de soldats d’Irak invités à faire de la figuration lors d’un show des Destiny’s Child lors d’une mi-temps de grand match de football américain, le film s’intéresse à leur traumatisme et à leur exploitation.
Ainsi, toutes les dérives du show business avide de faire ce ses héros américains des marionnettes pour amasser plus d’argent pour l’armée sont montrées, de même que le retour difficile dans la famille et surtout le syndrome de stress post-traumatique dont souffrent les soldats. Tout cela est traité sous l‘angle profondément humain et intime qui provoque alors une empathie inouïe pour les soldats et en particulier le rôle principal tenu par le prometteur Joe Alwyn. Réalisé avec un soin particulier en mêlant adroitement les séquences de souvenir de guerre et le show explosif et insupportable du stade, Ang Lee nous fait réfléchir et on ressort avec un goût assez amer dans la bouche et il n’est pas étonnant que les américains aient boudée cette attaque à charge contre leur système destructeur de héros qui les renvoie au front.
De son côté, Martin Scorsese met fin à la réalisation de l’un des projets ambitieux qui lui tenaient à coeur depuis bien longtemps. On sait le spécialiste du film de mafia très croyant, n’hésitant pas à teinter ses oeuvres de discours plus ou moins religieux, et ayant même fait déjà l’objet d’interrogation sur la foi comme en témoignait la Dernière Tentation du Christ. La foi est donc pleinement le sujet de Silence. A l’instar d’Apocalypse Now et ses militaires allant débusquer le colonel Kurtz, 2 prêtres vont au Japon pour retrouver pour retrouver leur mentor qui aurait renié le christianisme. Un voyage à la fois physique et philosophique pour ces prêtres qui vont devoir alors se remettre en question dans un pays qui refuse de laisser s’enraciner le christianisme.
Andrew Garfield est évidemment impeccable dans le rôle de ce jeune prêtre qui va devoir se remettre en question sur la pratique de la foi et sur un dieu qui semble avoir disparu et laissé un silence assourdissant sur ces terres étrangères. Le thème est alors passionnant mais il faut beaucoup de patience pour y arriver car avec 2h40 au compteur, Scorsese nous propose, avec une superbe réalisation, le même exercice philosophique et d’endurance qu’une messe. Il faudra véritablement attendre la moitié du film pour enfin plonger vraiment dans le sujet avant qu’ensuite l’épilogue s’étire beaucoup trop. Le Silence est ainsi beaucoup trop long pour véritablement nous emporter.