[Berlinale 2017] “T2 Trainspotting” de Danny Boyle

T2 TrainspottingVingt ans après, que sont devenus les junkies de Trainspotting?

On avait quitté Mark Renton (Ewan Mc Gregor) lorsqu’il avait dérobé à ses amis d’enfance le butin issu d’un gros deal d’héroïne – 16 000 £ – et les avait abandonné sans vergogne pour entamer une nouvelle vie.
Le mash-up initial nous indique qu’il s’est installé à Amsterdam et y est resté toutes ces années, mais ne précise pas s’il a réussi à accomplir le programme qu’il s’était fixé à la fin du premier opus, fonder une famille, élever des enfants, acheter une machine à laver… On le voit juste faire un malaise sur un tapis de course, dans une salle de sport branchée. Et cet incident le pousse à rentrer au pays, à Edimbourg, et à retrouver ses proches.

Ses anciens camarades vivent toujours dans les mêmes quartiers, comme s’ils étaient restés bloqués là à attendre son retour.
Spud (Erwan Bremmer) était le seul à avoir reçu sa part du butin, mais, devenu orphelin de son meilleur copain, il n’a pas tardé à la dilapider en shoots d’héroïne, détruisant la vie de famille qu’il construisait avec Gail (Shirley Henderson). Aujourd’hui sans emploi, sans famille et sans amis, sans un sou pour acheter ses doses de drogue, il s’étiole, au bord du suicide, dans le taudis qui lui sert d’appartement.
Sick Boy (Johnny Lee Miller) a un travail – un bar miteux qui peine à attirer des clients – et même une petite amie, Nikki (Anjela Nedyalkova)– une ex-prostituée qui l’aide à pratiquer le chantage à la sex-tape pour arrondir les fins de mois et payer ses lignes de coke.
Enfin, Begbie (Robert Carlisle), qui croupissait en prison pour avoir cogné un peu trop fort sur un type – probablement en réaction à la trahison de Renton – décide de s’évader et de régler ses vieux comptes…

Ces quatre-là ont finalement assez peu changé. Juste quelques kilos en plus, des traits plus creusés, des yeux plus cernés, et des rides sur le front. Mais ils sont toujours ces gamins inconséquents, rebelles, rétifs à toute autorité. Bien sûr, leurs préoccupations ont bien évolué. Elles sont plus en phase avec leur âge. Ils ne pensent plus vraiment à glander et à se défoncer, mais veulent fonder des familles, stabiliser leurs couples, trouver des boulot stables et capitaliser sur l’avenir. Mais ils sont toujours en proie aux mêmes démons, incapables de sortir de leur environnement. Ils sont hantés par leurs jeunes années, nostalgiques de cette période où ils se sentaient invulnérables, invincibles, et où tout paraissait possible, malgré leur addiction à l’héroïne.

Danny Boyle joue aussi sur la nostalgie du spectateur, glissant plusieurs références au premier opus (du caméo de Kelly McDonald au retour des “pires toilettes d’Ecosse”), mais il le fait subtilement. Le film n’a pas été conçu pour exploiter bêtement l’attachement que les spectateurs pouvaient avoir pour Trainspotting. Il est d’ailleurs peu probable que T2 accède au même statut de film culte, car il ne possède pas tout à fait la même énergie, la même fraîcheur iconoclaste. C’est une oeuvre différente, plus posée, plus désabusée. Danny Boyle a utilisé les mêmes méthodes, mais il a su inventer un tout nouvel univers, choisissant des éléments plus contemporains, en phase avec l’époque ou avec les états d’âme des protagonistes.

Certains inconditionnels du premier film ou les puristes adorateurs de « Porno », le roman d’Irwine Welsh qui a inspiré le film, trouveront sûrement des motifs d’insatisfaction devant ce T2-Trainspotting, mais pour les autres, il serait idiot de bouder les retrouvailles avec cette joyeuse bande, en attendant, pourquoi pas, une nouvelle réunion de famille dans une vingtaine d’années…