Queen of Katwe – Réalisé par Mira Nair
Si je n'avais pas une compagne exceptionnelle, je serais passé probablement à coté de « Queen of Katwe ». D'une parce qu'il n'est pas sorti au cinéma, ni en dvd, ni en blu-ray ou encore en VOD en France, mais aussi a cause d'un certain manque de visibilité. Car il ne faut pas se leurrer, chez Disney si vous n’êtes pas un film d'animation, une adaptation d'un classique Disney, un Marvel ou maintenant un Star Wars, vous n'avez pas la place pour exister et donc d'avoir votre chance de conquérir un public plus large (Si et seulement si il n'y a que ça qui rentre en compte bien sur … ). Une erreur à mon humble avis surtout quand on a une histoire au potentiel sympathie aussi fort que « Rasta Rocket ». Alors certes ce n'est que l'histoire d'une modeste jeune fille ougandaise et pas celle d'une équipe au Jeux Olympiques, mais ce n'en est pas moins fort, ni important !
C'est l'histoire de Phiona Mutesi, une jeune fille de 10 ans qui vit avec sa famille dans le bidonville de Katwe, un des faubourgs de la capitale ougandaise Kampala. Avec son frère, ils aident leur mère à vendre les produits du marché, un labeur éreintant qui permet à peine à la famille d'avoir un toit et de quoi se nourrir. Une vie extrêmement rude qui ne fait que peu de cadeau et Harriet la mère se bat sans cesse pour éviter que ses enfants fassent des mauvais choix. Robert Katende attend qu'un poste d'ingénieur se libère et pour patienter il s'engage dans une association au près des enfants du bidonville. Cet homme qui a eu la chance de pouvoir s'instruire se retrouve face à des enfants désœuvrés et qui ne mangent pas à leur faim. Il va s’avérer être un vrai soutient pour une partie d'entre eux, une figure positive qui va leur apprendre les échecs, avec la promesse qu'il battront les gens de la ville. Phiona se retrouve par hasard dans le lieu ou Robert Katende apprend ça aux enfants et elle découvre un jeu qui va la sortir peu à peu de son quotidien. Elle se découvre vite un talent pour ça, des facilités rares que Robert Katende décèlera, voyant en Phiona Mutesi les prémices d'une grande championne en devenir. Mais avant ça, il faudra dépasser les craintes d'une mère et les inspirations d'une jeune fille de plus en plus grande.
Au final j'ai été bluffé ! Pas spécialement par la trame narrative du film, mais par la fraîcheur et la sincérité qui se dégage de cette nouvelle réalisation de Mira Nair. Cette réalisatrice indienne récompensée par une caméra d'or à Cannes ou encore par un Lion d'Or à la Mostra de Venise a débuté par des documentaires et elle apporte ici le réalisme que l'on peut y trouver. Ce n'est pas en soi un documentaire, mais le quotidien qui est dépeint n'est pas édulcoré et cela apporte un réel plus à cette œuvre, donnant tout de suite plus de corps à un ensemble positif et optimiste …
Le scénario se base sur le livre de Tim Crothers « The Queen of Katwe : A Story of Life, Chess, and One Extraordinary Girl’s Dream of Becoming a Grandmaster » et il est écrit par William Wheeler. Le récit à le mérite d'éviter une narration linéaire et sans intérêt, en adoptant les mécanismes du film de sport (point Rasta Rocket). On suit donc une jeune fille que rien ne destinait à cette carrière découvrir une discipline qui va la révéler, ou elle apprendra au près d'un coach les rudiments de cet art avant de connaître ses premières victoires comme ses premières désillusions avant d'atteindre son objectif final. Les différentes étapes sont des moments bien précis de sa vie, comme sa première victoire en 2007, sa participation à un tournoi au Soudan du Sud ou encore au 39ème Olympiades d'Echecs en 2010 qui eu lieu en Russie. Une dynamique forte en émotion qui permet de dépasser l'aspect « biopic », de rendre palpitant la vie intéressante de Phiona Mutesi, de nous faire apprécier les échecs et de rendre instantanément sympathique tous les personnages que l'on rencontre.
La réalisatrice met en valeur cette histoire avec beaucoup de soin. Mira Nair conjugue avec subtilité l'optimisme du récit à la dureté de la vie dans le bidonville. Car en parallèle de l'histoire de Phiona et l'espoir qu'elle incarne, la réalisatrice ne nous épargne rien que cela soit les accidents, les inondations, la misère, la famine, l'inégalité entre hommes et femmes, entre riches et pauvre ou encore l'exploitation des femmes, la vie dans le bidonville est tout sauf facile. Un équilibre primordial pour ne pas basculer dans le pur conte de fée à la « Disney »
C'est bien rythmé, monté avec soin et les parties d'échecs sont mis en scène comme des vrais matchs de boxe. L'accent est mis alors sur les acteurs qui ont la lourde charge de faire passer avec leurs expressions ce qui se joue à l'instant, un vrai duel ou le vaincu fini littéralement sonné. Il faut ajouter à cela la direction artistique vraiment belle, qui fait la part belle aux couleurs chaudes, mais sans que cela ne soit outranciers ou de mauvais goûts. Une vrai prouesse que l'on retrouve dans le travail de Mobolaji Dawodu aux costumes qui sont justes somptueux et qui habillent les comédiens avec justesse. Puis il y a aussi la photographie de Sean Bobbitt qui rend ça chaleureux, ainsi que la musique de Alex Heffes, un compositeur qui a beaucoup travaillé avec le réalisateur Kevin MacDonald et qui tape là ou il faut quand il le faut.
Quant au casting, il est d'une incroyable justesse ! Tout d'abord parlons de la jeune Madina Nalwanga qui interprète Phiona Mutesi. Une actrice débutante qui nous transporte dans son monde des sa première apparition à l'écran. On ressent sa timidité, sa fragilité, mais aussi toute sa force, une vrai petite guerrière qui ne s'en laisse pas compter, ou la spontanéité de l'actrice fait merveille, tout comme le reste des enfants présent à l'écran. Puis on trouve deux acteurs qui ne cessent pas de monter, avec Lupita Nyong'o et David Oyelowo dans les rôles de Hariett Mutesi et Robert Katende. C'est le premier film ou je découvre Lupita Nyong'o en chair et en os, oui car Maz Kanata dans Star Wars ça ne compte pas trop. Elle livre ici une performance de premier choix, ou elle fait preuve d'énormément de nuance et de subtilité. C'est à la fois une femme, une mère et une amie, un rôle complexe et puissant qu'elle fait vivre avec talent. David Oyelowo joue le professeur d’échec. Un personnage dont la bonté n'a d'égal que sa profonde dévotion envers sa communauté et que l'acteur incarne avec brio, rendant les échecs beaucoup moins austères, avec une dose de sérieux et de dérision.
Le fond de l'histoire est quant à lui d'une puissance incroyable. Phiona Mutesi est un exemple de persévérance, d'abnégation et de courage. Elle n'a pas seulement appris à jouer aux échecs, elle a eu aussi accès à l'éducation jusque la réserver en priorité aux garçons et aux gens aisés. Elle a dépasser sa condition de jeune fille qui vit dans un bidonville, elle à put s'élever, car elle le souhaiter mais aussi car on lui tendait la main, une chose qu'elle à su accepter avec modestie, malgré les interrogations que cela pose. Un rôle qui revient à la fabuleuse Harriet. La mère de Phiona Mutesi est un personnage qui m'a beaucoup touché, car elle m'a rappeler ma mère. Alors les situations n'étaient pas équivalentes, mais comme le personnage interprété par Lupita Nyong'o, elle était veuve, elle s'est retrouvée assez jeune à nous élever ma sœur, mon frère et moi, à se battre pour nous donner une éducation, un toit ou encore de la nourriture et ça quelques soit les épreuves, la maladie ou encore les ennuie financiers qui se poser devant un elle. Un vrai exemple de courage pour qui la famille passait avant tout et quelle protégeait d'un amour inconditionnel. Deux personnages essentiel qui forme le cœur du film, avec ce qu'il transmet, l'espoir, l'abnégation et le courage qu'il fait naître, une histoire qui pourra toucher tout le monde tant cela invoque des valeurs simples et universelles. Beau, simple et touchant.
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