[Berlinale 2017] “Bright Nights” de Thomas Arslan

Bright nights - aff all– Bon, les gars, je suis embêté… Cela fait quatre ans que je n’ai pas fait de film. J’aimerais bien présenter un film à la Berlinale cette année, avant que les spectateurs ne m’oublient totalement, mais je n’ai pas l’ombre d’une idée de scénario…

– Bah, c’est facile. Tu n’as qu’à traiter d’une relation père-fils compliquée. Ca marche toujours auprès du public…

– Oui, mais si la relation est compliquée, cela va occasionner beaucoup de dialogues à écrire, ça…

– Penses-tu! Si la relation est très conflictuelle, les deux personnages ne vont pas beaucoup se parler. Niveau dialogues, tu ne vas pas te fatiguer!

– Oui, mais comment faire comprendre que la relation est tendue?

– Une musique déprimante fera l’affaire. Un truc bien lourd à base de sons évoquant une corne de brume. Ca va tout de suite mettre les gens dans l’ambiance. Et puis, tu choisis une date de tournage à un moment où il fait gris et pluvieux, pour bien appuyer le message, et des décors dépouillés, minimalistes, tout aussi joviaux!

– Pas bête! Je n’ai qu’à les envoyer en Norvège, en plein dans les montagnes. Ca permettra de meubler avec des plans larges sur les grands espaces. Mieux, je vais faire une sorte de road-movie! Comme ça, je pourrais aussi filmer la voiture en train de rouler. Hop! Encore de précieuses minutes gagnées. Mais, je ne suis pas sûr que ça suffise pour atteindre la durée d’un long-métrage…

– Bah, tu n’as qu’à faire durer un peu le plaisir… Tu te fais un délire en ajoutant un plan de cinq minutes sur une voiture en mouvement. Tu remets un coup de sirènes de paquebot et tu ajoutes du brouillard, plein de brouillard. Ca renforcera le côté Art & Essai expérimental. Et ça évoquera Sils Maria  aux cinéphiles français. Il y en a plein à Berlin!

– Mais, s’il n’y a que deux personnages, ça risque de faire un peu cheap, non?

– Tu peux ajouter deux ou trois personnages secondaires. Par exemple, ton père de famille, il a une épouse. Donc, avant de partir pour son trip camping entre père & fils, elle lui annonce qu’elle part s’installer aux Etats-Unis pendant un an… On n’en fera rien, hein, rassure-toi. C’est juste pour faire une fausse piste narrative. Et puis en route, tes gars peuvent croiser des campeurs norvégiens. Ils parleront en anglais avec eux, ça ajoutera une touche internationale au film. Ca sent bon pour l’Ours d’Or, ça! C’est génial!

– Super! Mais tu es sûr que la presse ne va pas deviner qu’il s’agit d’un foutage de gueule?

– Euh… Non… Enfin… euh… Rajoute encore un peu de brouillard pour les enfumer et quelques coups de cornes de brume pour les assommer…