" Rendez-vous le 26 février pour découvrir le Lauréat de l'Oscars de la Meilleure Bande Originale 2017. En attendant, on vous parle des nommés. "
Le 26 février prochain se tiendra à Los Angeles la 89e cérémonie des Oscars. L'occasion de revenir d'ici là, sur quelques-unes des bandes originales sélectionnées par l'Académie. Cette semaine, La La Land, par le compositeur Justin Hurwitz. La comédie musicale réalisée par Damien Chazelle est une réussite à tous les niveaux. Succès critique, succès commercial, et quatorze nominations techniques et artistiques aux Oscars. Parmi les quatorze nominations obtenues par le film, on retrouve " meilleure partition originale ", mais aussi " meilleure chanson originale " pour Audition (The Fools Who Dream) et City of Stars.
Tandis que la seconde connait le plus grand succès populaire, " The Fools Who Dream ", semble être la favorite pour la statuette. Car bien que toutes deux taillées pour gagner, cette dernière ferait presque office d'hymne à la cérémonie. Par les paroles, rendant évidemment hommage à tout artiste et rêveur. Mais aussi et surtout par l'envolée lyrique qu'offre l'accompagnement. Une montée en puissance qui traduit l'enthousiasme et les efforts toujours plus grands de ceux qui espèrent et travaillent pour réussir. Une idée qui peut sembler banale à froid, mais pertinente, car elle fait sens dans la scène où elle est présente. On peut voir cette envolée comme la reprise de confiance de Mia et son émancipation lors de son audition.
Ceci est renforcé par l'absence d'instrument dans la salle d'audition. Mia est seule, la musique vient d'elle. Pas physiquement, mais c'est son élan intérieur. Cet élan redescend peu à peu à la fin de la chanson, lorsque Mia " revient " à la réalité de l'audition. Pour ensuite finir dans un murmure timide. En moins de quatre minutes, avec un seul personnage qui chante dans le noir, le film est résumé. Sans parler de la mise en scène de Damien Chazelle, cette scène présente un moment charnière dans le film, riche de sens, de style et d'exécution. Là où " City Of Stars ", bien que toute aussi charmante, a une fonction plus classique dans la narration.
Les chansons du film sont empreintes de joie (" Another Day Of Sun "), d'espoir (" The Fools Who Dream ") ou d'amour (" Mia & Sebastian's Theme ", " Lovely Night "). Pour ce qui est de la bande originale en elle-même, Justin Hurwitz signe une partition nuancée. Les thèmes musicaux de la B.O reprennent les motifs des chansons avec assez de variations pour leur apporter de la profondeur. Par exemple, on retrouve le thème de l'espoir dans une variation mélancolique dans " Bogart & Bergman ", décontractée dans " Rialto" . On le retrouve aussi quand Seb retourne chez les parents de Mia, mais déconstruit dans " The House In Front Of The Library ". Il laisse ensuite place au thème de Mia et Sebastian dans le même morceau. Cet enchaînement explicite l'espoir qu'a Seb de retrouver Mia et le fait qu'il éprouve toujours quelque chose pour elle.
Une fois qu'on a saisi le principe de fonctionnement de la B.O le reste découle de lui-même. Si on considère " Another Day Of Sun " comme la chanson emblème de la joie/enthousiasme on peut écouter les pistes dans lesquelles on retrouve ce thème. Parmi elles on retrouve entre autres " It Pays " et " Chicken On A Stick ". Variations du même thème et qui se rapportent toutes deux au club de Sebastian, pourtant celles-ci expriment deux choses distinctes. D'un côté, il y'a la fougue et la virtuosité du jazz, ce que Sebastian montre au public, de l'autre la légèreté du célesta, ce qui exprime ses émotions.
La grande différence étant donc l'orchestration. Ce que Justin Hurwitz maîtrise peut être le plus dans cette bande originale. Car que ce soit dans les musiques orchestrales, intimistes, de jazz-band et même les chœurs (" Epilogue "), tout semble être à sa place. Ce qui renforce la cohérence globale de l'album. Preuve de cette réussite c'est l'utilisation du piano. Avec cet instrument au cœur du film, il aurait été facile pour Hurwitz de basculer vers un style bavard, avec un piano omniprésent. Ce n'est pas le cas dans le score du film. Ça l'est dans une certaine mesure dans la soundtrack. Chaque chanson a sa mélodie principale ou un solo exécuté avec cet instrument.
Tout cela amène à la caractéristique la plus importante de la musique dans La La Land. Il est difficile de séparer la partie instrumentale seule et la partie chantée du film. Les deux s'enchaînent dans le film avec une grande fluidité. La diversité et la richesse apportée par les compositions d' Hurwitz participent à ce que l'on ne se lasse jamais de la musique dans le film. Point d'une importance capitale dans une comédie musicale. Lors d'un second visionnage, on peut prêter plus attention aux thèmes parfois très courts qui ponctuent du film. Cela permet de s'intéresser de plus près aux astuces trouvées par le compositeur pour capter l'attention jusqu'à la toute fin du générique. De la construction en boucle du riff principal de " Another Day Of Sun ", des basses pétillantes disséminées un peu partout, des hommages à la musique de Michel Legrand, des bois virevoltants de " Planetarium ", de la construction endiablée de " Epilogue " etc.
En Conclusion :
La bande originale de La La Land brille plus par son ingéniosité d'orchestration et de maîtrise mélodique que par le sens qu'elle apporte à l'image. Justin Hurwitz offre un soutien solide et réussit à imprimer en tête un petit nombre de thèmes sans matraquage. En tant que soutien, la B.O arbore les mêmes qualités que le long métrage de Damien Chazelle. À savoir une nostalgie positive, tournée vers la modernité. Sans oublier le ressenti immédiat à la fin de l'album. Une envie de danser, de chanter, de ré-écouter les albums, de revoir le film, ou tout cela à la fois.
B.O de La La Land favorite aux Oscars d'office ?
La semaine prochaine nous reviendrons sur quelques unes des autres B.O nommées par l'Académie.