En échange, il doit juste consentir à débarrasser Lily (Yiti Yao), la mère de Jun, de son addiction à l’héroïne, et à préparer à manger pour l’enfant pendant sa cure de désintoxication “maison”.
Long se révèle alors être un excellent cuisinier. L’odeur de ses bons petits plats attire le voisinage qui, comprenant qu’il est un vagabond, lui offre non seulement tout le nécessaire pour s’installer dans le quartier, mais aussi de quoi tenir un petit stand itinérant pour vendre ses plats aux passants et gagner sa vie. Long pense ainsi pouvoir rassembler la somme lui permettant de se payer son billet retour. Mais, peu à peu, il constate que son petit commerce connaît un succès grandissant, ce qui l’incite à se demander s’il n’est pas temps pour lui de renoncer définitivement à cette vie de violence et de meurtres sanglants. La relation complice qu’il entretient avec l’enfant et la romance qui semble se nouer avec sa mère ne font que renforcer cette envie de changer d’existence.
Evidemment, dans ce genre d’histoire, les personnages sont souvent rattrapés par leur passé. Lily va voir débarquer l’homme responsable de tous ses malheurs et Long va devoir user de ses couteaux pour trancher autre chose que des pièces de boeuf…
Cela dit, autant prévenir tout de suite les amateurs d’action, les éclats de violence sont très rares dans le film de Sabu. Un peu au début, un peu à la fin, de manière très furtive. Ceux qui s’attendaient à un déluge d’hémoglobine en seront pour leurs frais.
De notre côté, nous avons été plutôt heureux de constater que le cinéaste nous propose ce récit, articulé autour de la rencontre improbable entre un tueur à gages taïwanais et un petit garçon japonais, plutôt qu’une traditionnelle histoire de guerre de gangs ou de yakuzas, avec son lot de violences, meurtres, et vengeances en tout genre, comme le laissait présager le premier quart d’heure du film…
Ici, Sabu lorgne plus du côté du Takeshi Kitano de L’été de Kikujiro ou Hana-Bi que de celui de Brothers. Le seul problème, c’est la durée du film. Car, comme son titre l’indique, Mr. Long affiche une durée déraisonnable (2h20, quand même…) au regard de son intrigue, épurée. Sabu perd beaucoup de spectateurs en cours de route à cause de ce manque de rythme et de scènes inutilement étirées ou redondantes.
Dommage, car avec son ton doux-amer, sa poésie et son humanisme, sa brochette de comédiens attachants, Mr. Long ne manque pas de charme. Mais pour en profiter, il faut de la patience, beaucoup de patience. Et dans un festival de cinéma tel que Berlin, avec cinq films au programme par jour, c’est compliqué…