Dans la forêt

Par Desfilmsetdesmots @DfilmsetDmots

Tom et son grand frère Benjamin partent en Suède retrouver leur père pour les vacances d’été. Tom appréhende les retrouvailles avec cet homme étrange et solitaire. Le père, lui, semble convaincu que Tom a le don de voir des choses que les autres ne voient pas.
Quand il leur propose d’aller vers le Nord pour passer quelques jours dans une cabane au bord d’un lac, les enfants sont ravis. Mais l’endroit est très isolé, au milieu d’une immense forêt qui exacerbe les peurs de Tom. Et plus les jours passent, moins le père semble envisager leur retour…

Après Qui a tué Bambi ? et L’Autre monde, le cinéaste Gilles Marchand continue à brouiller les pistes et nous entraîne dans les méandres d’un récit délicieusement angoissant où la frontière entre cauchemar et réalité semble avoir disparu.

A mi-chemin entre le thriller et le conte fantastique, Dans la forêt plonge le spectateur dans une atmosphère onirique au cœur d’une forêt majestueuse qui se révèle vite oppressante. C’est alors que le film se fait envoûtant et nous happe, portés par le regard de Tom, petit garçon quasi-mutique, sensible et intuitif. Fasciné par ce père mystérieux qu’il craint et qui l’intrigue, Tom voit ses peurs d’enfant se matérialiser et n’a pas d’autre choix que de les affronter.

« Je voulais faire ressentir des choses à travers des yeux d’enfant. Le regard qu’on porte sur [notre entourage] quand on est petit est tellement puissant. On ressent le réel comme une aventure. Avec Dans la forêt, j’avais envie de rouvrir des portes que chacun de nous apprend à fermer en devenant adulte » explique Gilles Marchand.

Si l’histoire met un temps à se mettre en place – le récit devient intéressant dès l’instant où apparaît le père, fragile et inquiétant -, on glisse aisément vers cet univers peu commun, où le « monstre » peut se cacher n’importe où, où la figure paternelle déconcerte autant qu’elle émeut, et où nos peurs enfantines refont surface de façon inopinée, tel un diable en boîte. Une économie de langage, la puissance de la mise en scène, évanescente et magnétique, sublimée par la photographie de Jeanne Lapoirie, l’écriture finement ciselée du scénario, le suspense continu, la prestation sur le fil de Jérémie Elkaïm, dont le personnage flirte dangereusement avec une forme de folie, la maîtrise de jeu du jeune Timothé Vom Dorp, les différentes grilles de lecture – sur la paternité, la transmission, l’apprentissage par la peur -, libres d’interprétation… Autant d’éléments qui font de ce film singulier une expérience cinématographique à part entière.

Avertissement : interdit aux moins de 12 ans

Sortie le 15 février 2017.