[Berlinale 2017] “Return to Montauk” de Volker Schlöndorff

Par Boustoune

Max Zorn (Stellan Skarsgard), écrivain d’une soixantaine d’années, arrive à New York dans le cadre d’une tournée littéraire pour le lancement de son nouveau roman, qui parle d’amour contrariées et de regrets éternels. Il a beau affirmer à tous ses interlocuteurs qu’il s’agit d’une fiction, on comprend qu’il s’est fortement inspiré de sa propre expérience pour écrire ce récit.
Effectivement, plus de trente années auparavant, à l’époque où il vivait lui-même à New York, il a vécu une brève romance avec Rebecca (Nina Hoss), une jeune étudiante d’origine allemande, et cette histoire le hante encore aujourd’hui, à tel point qu’il serait prêt à sacrifier son mariage avec Clara (Susanne Wolff) et tout abandonner pour séduire à nouveau Rebecca et entamer une nouvelle vie à ses côtés.  Quand il apprend qu’elle habite toujours à New York, où elle est devenue une redoutable avocate d’affaires, il fait tout pour la convaincre de passer un moment en sa compagnie.
Elle consent à passer une journée à Montauk, une petite ville côtière du Suffolk, à l’extrémité est de Long Island, un endroit où ils ont vécu les plus belles heures de leur relation passée. Max, ravi, entrevoir la possibilité d’un nouveau départ. Mais Rebecca se montre distante et amère et ne semble pas concevoir les choses de la même façon…

Après avoir porté à l’écran la pièce de théâtre Diplomatie, qui reposait sur la joute verbale entre Niels Arestrup et André Dussollier, Volker Schlöndorff a choisi d’adapter le roman de Max Fritsch, “Montauk”, qui repose également sur le face-à-face de deux personnages, un homme et une femme qui se sont aimés et se retrouvent plusieurs années plus tard.
Disons-le tout de suite, ce sont les numéros d’acteurs qui constituent l’intérêt de ce film. Le sujet a déjà été abordé des centaines de fois, avec plus d’intensité, et la mise en scène du cinéaste allemand, certes sobre et appliquée, s’avère un peu trop classique, trop sage. Mais Stellan Skarsgard, touchant en écrivain rongé par les regrets et trop occupé à rêver sa vie pour profiter pleinement de l’existence, Nina Hoss, une nouvelle fois sublime dans le rôle de cette femme blessée, cachant derrière son assurance et sa froideur des abîmes de détresse et de solitude, et Susanne Wolff, impeccable et digne en épouse délaissée, portent le film d’un bout à l’autre et réussissent finalement à nous submerger d’émotion.

Si Return to Montauk n’est pas une oeuvre majeure de cette 67ème Berlinale, elle n’en demeure pas moins solide, plus consistante que certains de ces concurrents et moins ennuyeuse que d’autres. Il pourrait donc très bien se retrouver primé en l’absence de consensus du jury en faveur d’un long-métrage plus audacieux. Et ses deux acteurs principaux sont aussi à compter parmi les favoris pour les prix d’interprétation.